L'histoire folle derrière la pochette du "Californication" des Red Hot

Histoire d’être bien en accord avec le titre du disque, les Red Hot Chili Peppers ont choisi un Californien pour en faire la pochette. Il s’agit de Lawrence Azerrad, designer ayant déjà travaillé avec Wilco ou Rod Stewart. Alors qu’il vient d’obtenir un poste de directeur artistique chez Warner, il est contacté par Anthony Kiedis, chanteur du groupe, pour bosser sur leur prochain album. Les Red Hot étant bien établis dans le paysage musical, Azerrad accepte leur proposition et il se met immédiatement au boulot.

“Californication” est marqué par le retour de John Frusciante. Lui qui était absent de l’album précédent pour cause de cure de désintoxication est de retour pour le plus grand bonheur des fans, et c'est à lui qu'on doit l'idée de la pochette et qu'il décrira ainsi au designer : “il y avait une piscine, le ciel était dans l’eau et l’eau était dans le ciel.” Une idée simple étroitement liée avec le thème de l’album, mais qui n’a pas été facile à réaliser.

“Avec Rick Rubin qui était de retour, on devait mettre l’accent sur le fait que ça allait être un album épique. Mon rôle était de communiquer cet aspect à travers la pochette de l’album.” explique Azerrad. Avant de s'atteler à la partie graphique de la pochette, il fallait prendre une photo de la fameuse piscine imaginée par le guitariste du groupe. Le designer sous pression s’est donc lancé dans cette quête sans fin durant laquelle il photographie plus de 100 piscines différentes à travers Los Angeles. Finalement, l’image choisie a été prise chez des amis des Red Hot. 

Le titre de l’album n’a pas atterri là par hasard et il schématise un coup de gueule du groupe. Dans le morceau éponyme, les Chilis expliquent comment l'industrie du divertissement aux États-Unis crée une culture qui place le sexe, l'argent et la célébrité au-dessus du reste, comme si Hollywood avait pris contrôle du monde, ce qui ne devrait pas être le cas. Le point de vue du groupe est discutable, mais c’est cette même idée qui est retranscrite sur la pochette de “Californication”. La soi-disant réalité montrée par le show-business américain est l’inverse de la vraie vie. Voilà pourquoi le ciel orageux se retrouve dans la piscine.

Avant que Lawrence Azerrad ne rentre dans la danse, le groupe californien avait une autre idée très éloignée du rêve de John Frusciante. “Ils avaient littéralement demandé à une infirmière de regrouper leur sang et d’en faire une photo. L’idée était d’élargir leurs traces de sang au microscope et d’en faire une pochette. Visuellement, ça ne fonctionnait pas, et ils voulaient aller de l’avant. C’est ainsi qu’on a commencé à travailler sur le concept de la piscine”, révèle le graphiste. Vu le succès qu’a rencontré l’artwork du disque, on peut facilement dire qu’il ne s’est pas trompé. 

Après avoir bossé pendant cinq semaines uniquement sur la pochette de “Californication”, Azerrad a été embauché par les Red Hot pour s’occuper de tout l’aspect visuel du disque. Aujourd’hui, il travaille pour des hôtels, des spas, des agences médiatiques, mais il continue aussi à opérer dans la musique. Le graphiste s’est occupé de toute l’identité visuelle de l’édition spéciale du Voyager Golden Record sorti en 2017 pour lequel il a remporté un Grammy. Avant “Californication”, Azerrad n’était pas encore identifié. C’est donc en reproduisant le rêve d’un autre sous forme de pochette qu’il a pu réaliser le sien.