L’histoire cachée des génériques : "H", la série culte de CANAL+

Une série sur les séries ? Oui, c’est possible. Surtout quand "Jack" décide de plonger dans les coulisses du générique. Premier épisode : « H », dont la B.O. doit une grande partie de son mythe à un groupe de funk écossais et à un mec venu du hip-hop, et de nulle part ailleurs.

DJ Abdel n’est pas seulement ce mec « à l’ancienne », qui vient du hip-hop, et qui a accédé à la popularité en confrontant le rap au funk dans des mixtapes aujourd’hui cultes – pour certaines, du moins. C’est aussi un proche de Cut Killer, autre figure mythique du hip-hop français, qui a bossé avec des gros noms du rap local (Rohff, 113, etc.) et a fini au mitan des années 1990 par devenir le DJ officiel de Nulle Part Ailleurs. Conséquence : il se retrouve à assurer les live d'artistes internationaux, de la trempe de Public Enemy, Barry White ou Janet Jackson.

« Quand je suis arrivé sur CANAL+, c'était une belle époque, rembobinait-il au micro de 2MTV. J'ai fait quatre ans de télé, tous les jours. Nulle Part Ailleurs, c'était la Champion's League : il y avait Jamel, Omar & Fred... Ça délirait, c'était frais, on amenait une modernité, une jeunesse, et ça nous a filé un sacré coup de pouce. C’est une de mes plus belles expériences. »

ADN générique. Dans les bons papiers de CANAL+, désormais pote avec Jamel, DJ Abdel ne pouvait que se retrouver embarqué dans le nouveau projet de la chaine : H, une sitcom vouée à devenir culte. Son générique aussi ! Pour celui-ci, le DJ a réutilisé une partie des voix de Person To Person, un titre méconnu d'un groupe de funk qui l'est tout autant pour les générations 1980 et 1990 - celles qui ont grandi avec H, donc. Parce qu'il est écossais, déjà, et parce qu'il exerçait surtout dans les années 1970 : Average White Band. Hasard ou non, en 1997, soit un an avant le début de la série, EPMD samplait le même son sur Richter Scale.

Contrairement à d’autres séries, le générique de H n’a jamais changé. Musicalement, c'est finalement logique. Mais visuellement également : à peine les réalisateurs ont-ils supprimé le personnage de Béatrice (interprété par Catherine Benguigui), sans pour autant ajouter celui de Charlotte, incarné par Linda Hardy. La preuve, finalement, que la petite compo de DJ Abdel était parfaite. Parce qu'elle incarnait une époque (la France Black-Blanc-Beur, la popularisation du rap, toussa toussa) et parce qu'il valait sans doute mieux ça qu'une bande-son réalisée par Bénabar, alors scénariste sur la série...

Sept ans après la fin de H, en 2011, Éric Judor décide quant à lui de changer complétement d'ambiance pour le générique de sa nouvelle série, Platane. Cette fois, c'est une chanson du jazzman américain Louis Prima qui est choisie. L’époque a changé, mais la liberté est restée la même. À Brain Magazine, fidèle à ceux qui l'ont fait connaître, il disait d’ailleurs : « H démontre bien que la télévision française se crée et s’invente sur CANAL. »