Il y a 50 ans, les Stones sortaient leur meilleur titre : "Brown Sugar"

C'était un 16 avril, en 1971. Ce jour là, Mick, Keith et les autres rajoutaient une ligne dans la grande histoire du rock en publiant un titre qui, 50 ans après, n'a pas pris une ride. Voici l'histoire d'un morceau plus jeune que l'âge des membres du groupe.
  • Meilleur single de l'histoire du meilleur album des Rolling Stones ? A l'occasion de l'anniversaire de Brown Sugar, la question est posée. Si l'on aura sérieusement du mal à y répondre - le titre rivalisant avec des goldies comme Paint it black, Satisfaction ou Sympathy for the devil - n'en reste pas moins qu'il a permis au groupe de faire une entrée fracassante dans les années 70, période de débauche complète pour le groupe alors à son apogée. 

    Le 16 avril 1971, Brown Sugar est le premier titre du monumental, qui sortia une semaine plus tard, avec notamment sa célèbre pochette zippée (idée d'Andy Warhol) venant rappeler que Mick Jagger, 28 ans à l'époque, en a encore sous la pédale (comprenne qui pourra). Et doublement d'ailleurs, puisque étonnamment, c'est lui qui signe le riff de ce titre passé à la postérité, et dont on se demande 50 ans plus tard de quoi il parle vraiment. Des drogues, des femmes ? Un peu des deux.

    Avec le temps, on l'a oublié mais les Stones de 1971 font un peu le même effet que les rappeurs de 2021, niveau polémique des paroles s'entend. A sa sortie, Brown Sugar fait beaucoup parler, et c'est peu de le dire. Outre le saxophone fou de Bobby Keys et le refrain imparable, ce sont surtout les paroles qui choquent les petits bourgeois : viol, sexe interracial, esclavage sadomasochime et bien sûr héroïne (la drogue est alors surnommée brown sugar), tout y passe et c'est là tout l'art de Jagger dans son songwriting : dissimuler plusieurs niveaux de lecture pour laisser chacun faire sa propre interprétation du titre. Forcément, ça ne rate pas. Le premier titre publié depuis que les Stones ont claqué la porte de Decca Records monte rapidement en haut des charts au fur et à mesure que les gens s'interrogent sur le sens de cette chanson à la fois rock, engagée et surtout suintant le sexe. 

    Ce qu'on sait, avec le recul, c'est que le titre aurait dû initialement s'appeler Black pussy; mais Jagger se ravisera finalement, jugeant le choix un peu trop rentre-dedans (sic). Quant au reste, les avis divergent. La source d'inspiration du titre serait la magnifique Claudia Lennear, l'une des choristes noires d'Ike et Tina Turner; d'autres citent la chanteuse Marsha Hunt, avec qui Mick aura discrètement une fille. Dans les deux cas, il s'agit d'une histoire associant critique de l'ancien esclavage ("Gold coast slave ship bound for cotton fields / Sold in a market down in New Orleans"), de métissage olé olé ("Brown sugar How come you taste so good ?"), voire d'incitations limites sur l'âge légal ("Brown sugar / Just like a young girl should"). Hm.

    Quoi qu'il en soit, Brown Sugar reste l'une des plus belles déclarations d'amour à la musique noire américaine (elle a été enregistrée au studio Muscle Shoals, en Alabama) et elle a, sans transition, rapporté pas mal d'argent aux Anglais. On la retrouve notamment sur une synchro pub pour Pepsi, à découvrir ci-dessous. 

    Pour conclure, on rajoutera qu'il existe une version alternative (publiée en 2015) avec Clapton à la guitare. La légende raconte que la session fut l'occasion de tester Eric avec pour objectif de l'engager dans le groupe; une mission que l'Anglais rata complètement en donnant l'impression de jouer littéralement à côté du groupe. On connait la suite de l'histoire; c'est finalement Mick Taylor qui gagnera la partie, avant de laisser sa place à un certain Ron Wood, devenu depuis une brique solide dans ce groupe de pierres qui, même 50 ans après, roulent encore.

    A lire aussi