Connaissez-vous The Manish Boys, le groupe avec Bowie et Jimmy Page ?

Connaissez-vous The Manish Boys ? Avec son unique single, le groupe n’a pas marqué l’histoire. Il a pourtant accueilli une rencontre rare : celle entre un tout jeune David Bowie, avant même qu’il soit Bowie, et un Jimmy Page alors inconnu.
  • Les groupes n’étaient pas faits pour lui. C’est pourtant comme cela que David Bowie a commencé. Bien avant l’étrange parenthèse Tin Machine, le jeune David Jones officiait dès ses 15 ans dans les Konrads. On est alors en pleine explosion rock post Beatles, et le chanteur prend le train en marche. Deux ans plus tard, il change de groupe (avec son ami George Underwood, à qui il doit ses yeux dépareillés suite à une bagarre) : au sein des King Bees, il publie son premier single, Liza Jane. Mais l’aventure est toute aussi éphémère. Son manager, Leslie Conn, le présente alors à un jeune sextet venu comme lui du Kent : les Manish Boys. Il convainc les deux parties de se rencontrer, et celui qui se fait encore appeler Davie Jones endosse le rôle de chanteur.

    C’est certain : le groupe n’a rien de franchement mémorable. Leur répertoire est principalement constitué de reprises de rhythm’n’blues, très en vogue. D’ailleurs, tout comme les Rolling Stones, leur nom vient d’une chanson de Muddy Waters. En 1965, Conn organise une session d’enregistrement avec le producteur Shel Tamy, déjà vu auprès des Kinks ou des Who. Ils choisissent de reprendre un petit succès de l’Américain Jimmy Bland, I Pity The Fool. Bowie/Jones y assure le chant, mais aussi le saxophone, son instrument de cœur. En face B, on trouve Take My Tip, composé par Bowie lui-même. C’est d’ailleurs là sa toute première chanson publiée.

    Mais c’est un autre artiste qui rend cette session mémorable. Car pour réaliser le solo de guitare, Tamy fait appel à un musicien alors extrêmement demandé : Jimmy Page. Celui-ci n’a pas encore rejoint les Yardbirds, ni même joué avec Johnny. Mais il a déjà fait ses armes sur les disques de Marianne Faithfull, des Rolling Stones et même l’essentiel des artistes rock d’Angleterre. Deux légendes en train d’émerger, réunies dans un même studio. La légende voudrait pourtant que le guitariste ait montré au chanteur un riff dont il ne savait que faire. Attentif, le jeune Bowie l’aurait récupéré pour ensuite créer The Supermen en 1970, puis Dead Man Walking en 1997, sur le mal-aimé « Earthling ».

    Pour cette session, malheureusement, le résultat est décevant. Pas honteux, le single ne décolle pas dans les ventes. À peine un an après les avoir rejoint, Bowie quitte les Manish Boys. Il tente ensuite une dernière expérience en groupe, auprès des Lower Third (leurs singles et celui des Manish Boys sont fréquemment édités ensemble). Cette fois, le chanteur impose que la formation soit présentée comme Davie Jones & The Lower Third. Mais cela ne suffit toujours pas : il doit voler de ses propres ailes. Dès 1966, il prend ainsi le nom qui le verra entrer dans l’histoire.

    Il lui faudra encore longtemps se chercher et s’acharner pour enfin obtenir le succès mérité. 

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