2016 M11 13
Le grime, genre musical né à Londres sur des radios pirates, a explosé au début des années 2000 avec Wiley ou Dizzee Rascal, grâce à des textes débités à toute berzingue et des productions pétaradantes nourries au dubstep, à la jungle autant qu’au dancehall. Après quelques années d’éclipse, le grime refait son apparition ces jours-ci avec le retour d’un de ses pionniers, Skepta, couronné d’un Mercury Prize pour son dernier album autoproduit.
Grime en série. Dans son sillage, de nouvelles têtes sont apparues et font du bruit avec vigueur et rage. Les plus prometteurs s’appellent Novelist ou encore Stormzy, qui jouait récemment à Paris et dont les lives sont particulièrement musclés, autant par son flow que par son torse qu’il expose systématiquement à son public. Les petits nouveaux du grime fourmillent et n’attendent que de sortir de leur trou : en 2015, dans le quartier arty de Dalston à Londres, naissait la soirée New Gen Live, qui portait déjà les promesses d’une Factory du hip hop et du grime londoniens. La bande s’est d’ailleurs créé son média, une émission de radio où les playlists de la diggeuse Caroline SM font prescription avec des artistes porteurs d’un nouveau son urbain : Bonkaz, Section Boyz, Stormzy et J Hus, parmi d’autres. Ces artistes, à l’esthétique proche, se retrouvent alors dans un même studio et s’activent à faire vivre le grime. Engagé jusqu’à l’os, l’un des titres produits là-bas par Avelino & Tiggs Da Author, Ring The Alarm, rend hommage à un ancien restaurant caribéen de Nothing Hill, The Mangrove, qui fut un QG de la communauté noire avant de fermer dans les années 1980 sous la pression policière.
Grime organisé. Le fruit de toutes ces sessions est réuni sur la compilation « NEW GEN » qui sortira le 25 novembre sur XL Recording, label qui déniche la crème (anglaise) de la musique, de The XX à Adele. Le grime, genre hyper typé, hérité de la musique noire britannique, restera-t-il timidement à la porte de nos clubs comme l’UK garage et le dubstep ? On le saura bientôt. Du côté du Japon, le public est déjà conquis : si Skepta a dédié son album « Konnichiwa » à ses nombreux fans japonais, c’est parce qu’il existe là-bas une scène survoltée. La webradio Boiler Room consacre même un documentaire à ces nouveaux MCs nippons. C’est à découvrir ci-dessous.