2019 M02 28
Au-delà du rap. C'est bien connu, la presse spécialisée aime les personnages, ceux qui ont une gueule et une histoire hors norme à raconter. Octavian est de ceux-là : de sa naissance en France (à Lille, plus exactement) à son enfance dans le sud-est de Londres, de ses relations conflictuelles avec sa mère, qui a fini par le virer du domicile familial, à ses expulsions de plusieurs établissements scolaires, en passant par son diplome à la BRIT School (d’où sont également sortis King Krule et Adele), les louanges de Drake à son égard, ses concerts en première partie de Christine & the Queens et son duo avec Skepta (Bet, récemment sorti).
« I’m a rock star. » D’un point de vue strictement historique, tout commence en quelque sorte avec la sortie de Party Here en 2017, un titre qu’il a enregistré chez son producteur (JGBRM) dans l’idée de rendre hommage au grime des années 2000. Octavian n’est pourtant pas du genre à s’enfermer dans des codes passéistes. Le grime, la UK garage, la drill, toutes ces esthétiques, on les retrouve certes dans « Spaceman », sa première mixtape parue l’année dernière, mais le Franco-Anglais nourrit aussi des ambitions plus modernes et singulières. Avec un message, très simple, très clair : « Check my background, I’m a rock star », tel qu’il le rappe sur Stand Down.
Rebelle avec une attitude. À l’inverse des rockstars (enfin, sauf celles qui tentent de s’acheter une crédibilité en citant Lénine et Bob Marley dans un même tweet), Octavian reste profondément connecté à la rue. Ses textes sont sombres, explosifs, presque anarchiques parfois, comme s’il s’agissait pour le jeune homme, 22 ans, d'incarner son époque, de raconter son quotidien, sans fausse pudeur, ni propos édulcorés : « No (brrr) police (fuck feds) / No pillow talk here, I tap that and I leave / I’ve gotta be free », clame-t-il fièrement sur 1000 Degrees.
Grand écart. Étonnant de la part d’un artiste qui dit avoir beaucoup écouté James Blake, Bon Iver ou encore Booba et Maitre Gims ? Pas tant que ça quand on sait que l’homme pratique avec classe l’art du grand écart, refusant de choisir entre le rap rugueux et le chant autotuné, entre des collaborations (avec Mura Masa ou Diplo, notamment) et des morceaux plus personnels (Hands), entre des défilés pour Louis Vuitton et des concerts donnés à l’arrache avec son crew, Essie Gang. Un vrai personnage, on vous dit.