2022 M11 20
Go Slow
Dans sa période d’union avec le groupe Africa 70 — qui emploie notamment le batteur Tony Allen — Fela Kuti se positionne en porte-parole de la population nouvellement urbanisée de Lagos. Sa musique devient politique et répond à ce mantra qu’il s’est lui-même fixé dans la chanson Je'nwi Teni (Don't Gag Me) : « Même si la vérité est parfois difficile à entendre, elle reste ce qu’elle est : la vérité. » Ainsi, pour Go Slow, le chanteur dénonce les embouteillages de sa ville. Métaphore de départ qui lui permet une critique plus générale sur la gestion du Nigéria.
Kalakuta Show
Avec cette chanson, Fela Kuti raconte la première attaque policière de grande envergure dont il a été victime, le 23 novembre 1974. Kalakuta Show retrace alors les événements du raid qui a été mené par les forces de l’ordre sur la République de Kalakuta, nom que le musicien a donné à la maison accueillant sa famille, les membres de son groupe et son studio d’enregistrement.
Zombie
Les relations entre le « Black President », la police et l’armée du Nigéria n’ont jamais été un long fleuve tranquille. Nouvelle preuve avec Zombie, une cinglante satire antimilitariste qui compare ouvertement les soldats du pays à des morts-vivants, c’est-à-dire à des hommes dénués de sens critique obéissant aveuglément aux ordres qu’ils reçoivent — « et le zombie n’avance que si on lui dit d’avancer, le zombie ne s’arrête que si on lui dit de s’arrêter, le zombie ne pense que si on lui dit de penser, oh ! Zombie ! Va et tue ! Va et meurs ! Attention ! Au pas ! Au trot ! À gauche ! À droite ! Repos ! À terre ! »
Sorrow Tears & Blood
Après la provocation de Zombie, c’en est trop pour l’armée et Olusegun Obasanjo, le président du Nigéria à l’époque. Profitant d’un souci avec un membre d’Africa 70 s’étant réfugié en République de Kalakuta, la police ordonne un nouvel assaut sur le territoire de Fela Kuti, encore plus violent que le précédent. Le chanteur n’en sortira pas indemne, tout comme sa mère qui se fera jeter par la fenêtre de sa chambre. Panafricaniste de 77 ans, cette militante pour la lutte anticoloniale succombe peu après des suites de ses blessures. Ces événements inspirent à Fela la chanson Sorrow Tears & Blood.
Beasts of No Nation
Outre les dirigeants de son pays, Fela Kuti s’est également attaqué aux têtes pensantes internationales. Dans cette chanson, il fustige notamment Margaret Thatcher et Ronald Reagan pour leur soutien à Roelof Frederik Botha, dit Pik Botha, un homme politique d’Afrique du Sud. Dans le texte, le musicien les considère comme des animaux à la peau humaine — « Animal in human skin » — voulant priver les Africains de leurs droits humains — « And together dem wan dash us human rights ».
Exposition Rébellion afrobeat, du 20 octobre 2022 au 11 juin 2023 à la Philharmonie de Paris. Toutes les infos ici.
Crédit visuel Une : photographie de l'exposition.