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Pour comprendre l’essence même de ce documentaire sorti en mars 2021 et réalisé par la paire Harri Shanahan et Siân A. Williams, il vous suffit d’imaginer le mariage entre deux mouvements abrasifs. Celui de ce punk anglais né dans les late 70’s avec ce féminisme radical qui a poussé ses adeptes à la réalisation d’actions coup de poing.
Avec Rebel Dykes, on pourra bientôt sauter à pieds joints dans ce Londres underground où une communauté de « gouines » raconte comment elle s’est affirmée autour de l’art, du politique et du sexe.
Avant cela, une petite remise en contexte s’impose. Nous sommes en 1979 et Margaret Thatcher fait son entrée au 10 Downing Street. C’est le coup d’envoi d’une période de répression et de politiques homophobes. À partir de là, il faudra attendre 26 ans afin que l’Angleterre reconnaisse finalement les relations entre personnes de même sexe (la loi sur le partenariat civil est entrée en vigueur en 2005) et 9 de plus pour que le mariage gay devienne légal au Royaume-Uni. Ce combat de longue haleine a débuté grâce au mouvement Rebel Dykes et c’est justement ce qui est détaillé dans ce documentaire long de 92 minutes.
Ce récit est doublement original. D’abord, grâce à la façon dont il a été construit. Au carrefour de plusieurs techniques, il est un mélange enivrant d’animation, d’images d’archives et d’interviews. Puis bien sûr, pour son propos. En immersion dans cette lutte menée par cette scène punk/post-punk féministe, un panel de sujets très novateurs pour l’époque est soulevé. Entre la trans-inclusion, les liens farouches de familles choisies, le SIDA ou encore l’opposition aux missiles nucléaires de l’OTAN, rien n’est éludé.
Une révolution politique, artistique et militante, qui tour à tour propulse le spectateur dans des boîtes de nuit BDSM, des rassemblements anti-Thatcher ou dans des manifestations exigeant une action autour du SIDA. Cette épopée est évidemment racontée par celles qui l’ont vécu. Toutes ces prises de paroles laissent quand même suffisamment de place à une bande-son aux petits oignons — perceptible dès le trailer que le Riot in My Mind (1985) des Poison Girls accompagne.
Showing at FilmPride:
— FilmPride Festival (@FilmPrideFest) July 29, 2022
Two extracts from the Rebel Dykes History Project, which focuses on the heritage of a group of young lesbians who lived in London in the 1980s. From the makers of cult documentary Rebel Dykes. @RebelDykes
Don’t miss out! Join us 6th August @PrideBrighton pic.twitter.com/Jr0Uac2ssW
Pour narrer les vestiges de ce temps désormais révolu, on retrouve un groupe d’amies qui se sont rencontrées au camp de la paix de Greenham Common, pour ensuite conquérir ce Londres où « c'était à la fois une terrible et une super époque pour être queer » comme le dit l’une des membres du mouvement. Citation qu’une autre Rebel Dykes complète : « il y avait une volonté de passer sous silence ces scènes, ces mouvements et le simple fait d’exister était dangereux pour les personnes de ces communautés ».
Et c’est là que se trouve la question centrale de ce film ; comment exister et enfin être reconnu ? Quelques brefs éléments de réponses : en descendant en rappel dans la Chambre des Lords ou en envahissant les studios de la BBC par exemple. En ce qui concerne le reste, tout est dans ce documentaire qui, plus que d’expliquer les actions d’une génération passée, prouve bien que les combats de cette dernière ont inspiré les suivantes.
Crédit photo en une : YouTube Rebel Dykes. Sortie prévue au cinéma et sur internet le 26 novembre.