Et si "Imagine" de John Lennon devenait l'hymne national américain ?

Des activistes ont proposé la chanson de l'ancien Beatles pour remplacer l'hymne américain. La raison ? L’auteur de « The Star-Spangled Banner » était un propriétaire d’esclaves. Et "Imagine" est l'une des plus belles chansons pour unifier tout le monde.

Depuis la mort de George Floyd, un nouveau monde est né, et il veut en finir avec le passé honteux. C’est pourquoi aux États-Unis (mais aussi en France), des activistes (philosophes, professeurs, journalistes, etc.) appellent à renommer certaines rues, à détruire certaines statues et à faire bannir certains mots ou expressions (« musique urbaine » par exemple). Récemment, le groupe américain Slaves a décidé de changer de nom. Bref, partout, sous l'impulsion du mouvement Black Lives Matter, les mentalités évoluent pour se diriger vers un futur moins discriminant. 

Dans cette même logique, certains activistes s’en prennent maintenant à l’hymne national américain, The Star-Spangled Banner. La chanson, écrite par Francis Scott Key, pose problème : Francis est né dans une famille riche du Maryland qui possédait des esclaves. Il a lui-même était propriétaire d’esclaves et, comme le rappelle le journaliste Kevin Powell, il était le beau-frère de Roger Taney, un président de la Cour suprême qui menait des politiques extrêmment dures envers les esclaves noirs.

Dans le troisième couplet de la chanson, écrite pour célébrer la résistance du Fort McHenry à Baltimore pendant la guerre de 1812 (contre l’Angleterre), Francis fait référence à la mort d’anciens esclaves noirs qui avaient pris leur liberté pour rejoindre le camp des Anglais et se battre contre les Américains : « Aucun refuge n’a pu sauver ni le mercenaire ni l’esclave / De la frayeur des déroutes et de la tristesse de la tombe / Et la bannière étoilée flottera triomphalement / Sur cette terre de liberté et sur la demeure du brave. »

Mais quelle chanson choisir en remplacement ? Pour l’historien Daniel E. Walker et le journaliste Kevin Powell, un choix s’impose : Imagine de John Lennon, que le dernier décrit comme « la plus belle chanson pour rassembler le plus de personne, peu importe leurs origines ». D’autres songent à Lift Every Voice and Sing, un ancien poème de James Weldon Johnson écrit en 1900, aussi appelé le « black national anthem ». Choisir une chanson où il est écrit qu'il n'y a pas de pays ni de religion, c'est quand même osé.