2020 M01 8
A star is born. Des rôles dans des sitcoms pour jeunes adolescent.e.s, des déclarations toutes faites (du genre : « Il faut juste que tu crois en toi »), un statut d’enfant-star façonné par Disney et une vie privée apte à agiter la presse people… Rien ne prédisposait Selena Gomez à signer des tubes aussi bien ficelés que Look At Her Now, ni à séduire les oreilles avisées de Pitchfork ou de The Fader. Le signe d'une métamorphose désormais actée ? Probablement. L'Américaine n'a plus rien de la girl next door adulée par des midinettes en pleine crise quant à la gestion de leurs premiers émois.
Ces derniers temps, Selena Gomez s'est affirmée comme une productrice à succès (la série 13 Reasons Why), une actrice sollicitée par les plus grands (Jim Jarmusch, Harmony Korine et même James Franco) et une chanteuse capable de s’entourer de collaborateurs doués.
Une année record ? Plutôt que de répéter inlassablement les mêmes automatismes afin de satisfaire son public et se payer une nouvelle villa de 6000 m² à Beverly Hills, Selena Gomez a donc préféré tenter quelques pas de côté. Les prises de risque sont limitées – « Rare » a été enregistré aux côtés de Finneas, le frère de Billie Eilish - mais les idées sont là. Et elles sont bonnes. Côté chiffres : Lose You To Love Me, en plus de se hisser illico au sommet du Billboard, a réalisé un des plus gros démarrages pour une artiste féminine avec 9,5 millions de streams en 24 heures – aujourd’hui, le clip cumule plus de 210 millions de vues.
Côté artistique également, l'ex-girlfriend de Justin Bieber (mais aussi de The Weeknd et de Nick Jonas, bref...) semble avoir tout fait pour que ce troisième album reste simple, tout en multipliant les entrelacs rythmiques et les trouvailles mélodiques, comme ces inclinaisons hip-hop/électroniques sur Look At Her Now qui ne sonnent pas comme une concession au temps, ni comme un caprice de star sans réelle direction artistique. « Cet album est mon journal intime de ces dernières années. » Au moins, c'est dit !
Idôle des jeunes. Attention, on ne dit pas que Selena Gomez est devenue une icône indie et qu’elle s’apprête à bousculer les codes de la pop music avec ses idées avant-gardistes. Juste qu’elle est loin d’être cette chanteuse « instagrammable » régulièrement décrite par les médias, qu'elle est même plutôt convaincante lorsqu'elle s'encanaille auprès de certains rappeurs (A$AP Rocky, Gucci Mane ou 6LACK), et que le virage pris ces dernières années pourrait bien lui permettre d’enfin convaincre au-delà du cercle des amateurs de pop mainstream.