En 2019, mettez du respect sur le nom d’Ariana Grande

Depuis la sortie de « Thank U, Next » la semaine dernière, cinquième album ambitieux et salué par la critique, rien ne semble pouvoir stopper l'ascension d'Ariana Grande.

Elle a tout d'une grande. Un duo avec Mika en 2013, un autre avec Kendji Girac en 2015, un rôle principal dans une sitcom américaine, une vie sentimentale à inspirer des dizaines de chanteuses R'n'B : sur le papier, Ariana Grande n’a pas vraiment le profil type des artistes encensées par la critique spécialisée.

Pendant longtemps, l’Américaine a d’ailleurs été soigneusement tenue à l’écart des colonnes des médias les plus pointus. Par snobisme, ou tout simplement parce qu’ils ne voyaient pas d’intérêt dans cette musique qui n’a longtemps fréquenté que le grandiose et la démesure. Heureusement, les temps changent et Ariana Grande est aujourd’hui plébiscitée par le gratin de la presse anglo-saxonne (Pitchfork, NME et même le New York Times).

A star is born. Cette hype soudaine, Ariana Grande la doit à une complète réinvention. « Thank U, Next » n'est pas simplement l'album d'une pop-star fortunée et entourée par tout un tas de hitmakers (Max Martin, Social House ou encore Andrew "Pop" Wansel ont répondu présent). C'est celui d'une femme qui assume sa fragilité (« I'm a girl with a whole lot of baggage », chante-elle sur ghostin), qui avance désormais à l’instinct (« Thank U, Next » a été enregistré en à peine une semaine, juste après sa rupture avec Pete Davidson) et qui n’hésite plus à exposer son intimité comme ses goûts personnels.

Le single du même nom que l'album, porté par un clip qui a battu le record de la vidéo à avoir le plus rapidement atteint 100 Millions de vues sur YouTube, évoque son ex récemment décédé, Mac Miller, tandis que 7 rings et fake smile contiennent respectivement des samples de The Notorious B.I.G. (Gimme The Loot) et Wendy Rene (After Laughter).

Libre. Contrairement à ses prédécesseurs, même si « Sweetener » avançait déjà quelques belles promesses, « Thank U, Next » ne considère pas la musique comme le dernier accessoire d'un plan marketing finement pensé et extrêmement couteux.

C'est un album de pop dite mainstream, ça c’est certain, on ne va pas parler ici d’un brûlot expérimental. Mais c'est surtout un disque qui n'a pas peur de plonger dans le vide, qui avance en proposant tout un tas d'idées mélodiques astucieuses (des kicks rentrés, des chœurs de voix ralenties, etc.) et qui permet à Ariana Grande de prendre enfin son envol comme artiste accomplie.

Crédits photo : The Fader.