Tyler, The Creator : "j'ai interdit qu'on publie un PUT**** d'album posthume après ma mort"

Lana Del Rey, Taylor Swift... De plus en plus d'artistes américains haussent le ton contre la tentation des labels d'exploiter leur image après leur décès. Récemment, c'est Tyler, The Creator qui s'est laissé aller à une déclaration définitive sur le sujet. Alors, RIP les albums posthumes ?
  • Lors d'une récente rencontre avec Nabihah Iqbal, dont le nouvel album (le sublime « DREAMER ») vient de paraitre chez Ninja Tune, la Londonienne balançait une confession en forme de vérité universelle : « En tant qu'artiste, ça me paraît évident de penser à ma postérité. Si je ne le faisais pas, ma musique sonnerait quelconque ».

    S'il est permis de douter que tous les musiciens soient animés par les mêmes velléités (difficile d'imaginer Heuss L'Enfoiré et Jul penser à l'intemporalité de Moulaga pendant les sessions d'enregistrement), Nabihah Iqbal met là le doigt sur une vraie réflexion créative : la volonté des artistes de penser leur musique pour l'éternité, leur souci de contrôler la façon dont elle traversera les épreuves du temps, et la manière dont elle sera commercialisée une fois parti tutoyer le paradis.

    Depuis quelques temps, d'autres artistes vont même encore plus loin, clamant haut et fort ne pas vouloir que certains de leurs morceaux, forcément inédits, soient publiés après leur mort. Parce qu'ils n'ont pas envie de voir leur oeuvre être traitée comme celle de Coolio, Juice Wrld ou Luv Resval (pour ne citer que les exemples les plus récents). Et parce qu'ils estiment que ces morceaux sont de simples démos, et en aucun cas destinées à être entendues par le grand public.

    Cette idée, c'est celle avancée récemment par Lana Del Rey, Anderson .Paak, Taylor Swift ou encore Tyler, The Creator. Lors d'un récent concert à Los Angeles, au moment d'interpréter un inédit (Penny), l'ex-leader d'Odd Future s'est ainsi montré très clair sur le sujet : « J'ai inscrit dans mon testament que si je meurs, ils ne peuvent pas sortir un putain d'album [posthume]. C'est dégueulasse, des idées à la con et un featuring d'un n**** avec qui je n'ai pas traîné. Genre, non. »

    À croire que Tyler refuse d'être traité de la même manière d'autres légendes, à l'image de 2Pac dont les albums posthumes se sont multipliés, quitte à ce que ses morceaux ne soient composés que d'un couplet original, voire même complétés par des featurings improbables (avec Biggie, avec Elton John, etc.).

    La décision de ces quatre mastodontes de l'entraînement américain acterait-elle la fin des albums posthumes ? Ne soyons pas naïfs : ces derniers représentent une marge financière si importante que les labels céderont probablement toujours à la tentation (rappelons que « Mon pays, c'est l'amour » de Johnny Hallyday s'est écoulé en 2018 à 300 000 exemplaires). Pire, certains artistes y voient même là un enjeu créatif : fin mars, Ed Sheeran déclarait en effet vouloir écrire un album qui ne sortirait qu'après sa mort.

    « Je veux faire lentement cet album qui sera entre guillemets ‘’parfait’' pour le reste de ma vie, en ajoutant des chansons ici et là au cours de ma carrière, racontait l’auteur de Shape Of You à Rolling StoneLe disque fera partie de mon testament et il sortira après ma mort ».

    À défaut de pouvoir empêcher la publication d'un album posthume, elle est peut-être là, la solution : concevoir en amont un disque pensé pour être publié une fois l'artiste mort. Au passage, si cela évite des projets aussi dénués d'intérêt artistique que « People, Hell and Angels » de Jimi Hendrix, c'est sans doute une bonne nouvelle.

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