Eminem a-t-il vraiment sa place au Rock & Roll Hall Of Fame ?

Se poser la question, c'est déjà y répondre. Mais alors que le rappeur le plus rapide de l'histoire sera officiellement intronisé cette année au Rock & Roll Hall of Fame, c'est aussi l'occasion de se demander pourquoi le rappeur américain n'y était pas entré avant.
  • Sur Terre, de nombreux mystères paraissent impossibles à résoudre : à quoi correspondent les cercles de fée en Namibie ? Rose avait-elle vraiment de la place sur sa planche pour accueillir Jack ? La sélection des artistes au Rock & Roll Hall Of Fame a-t-elle encor un sens ? À cette dernière question, on serait toutefois tenté d’avancer une seule réponse, ferme et tranchée : non !

    Il suffit de jeter un œil à la cuvée 2022 pour s'en convaincre : de Duran Duran à Pat Benatar, de Lionel Richie à Eurythmics ou Dolly Parton, ça part dans tous les sens, un peu comme un gamin coincé dans un magasin de jouets et incapacle de choisir son prochain cadeau.

    Heureusement, certains de ces noms méritent amplement leur place au sein du panthéon américain, ce qui est évidemment le cas d'Eminem. À 49 ans, on se dit même que le rappeur de Detroit aurait dû être célébré bien avant par les institutions. N'en déplaisent à certains, qui pourraient ne voir en lui qu'un rappeur tirant le vocabulaire vers le bas, Eminem, c'est tout de même : des morceaux à l'énergie rock (Cleanin' Out My Closet, Kill You), une collaboration avec Rick Rubin, des samples d'Aerosmith, Led Zeppelin ou Black Sabbath, un statut d'icône, au point d'assurer le show à la mi-temps du Superbowl, et une attitude finalement plus punk que la plupart des groupes à guitares.

    Une preuve ? Il y en a à chaque ligne de White America, notamment dans le dernier couplet, indéniablement le plus accusateur : « Envoyé pour mener la lutte vers les marches du Congrès / Et pisser sur les pelouses de la Maison Blanche / Brûler le drapeau et le remplacer par un sticker « Parental Advisory » / Cracher de l’alcool à la gueule de cette démocratie hypocrite. »

    Si Eminem a longtemps été le rappeur préféré des rockeurs, à une époque où les genres ne se mélangeaient pas vraiment, il est aussi celui qui a régulièrement mis ces deux cultures sur un même pied d’égalité. Sur Sing For The Moment, par exemple, il s'en prend à ces parents qui pensent que leurs enfants ont « le cerveau lavé par le rock et le rap », faisant de ces deux courants musicaux la bande-son de toutes les personnes condamnées à vivre à la marge. Un geste salutaire ? Plutôt la vision d'un artiste qui, un an après Jay-Z, installe encore peu plus le rap au sein des institutions américaines.

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