Écologie : quand les festivals cherchent l'équilibre

Concerts et festivals polluent. Et c’est bien parce qu’ils en sont conscients que les acteurs de cette industrie veulent être moteurs du basculement écologique. Depuis plusieurs années, les initiatives se multiplient pour limiter leur impact carbone, mais aussi sensibiliser le public, comme récemment avec le concert de Suzane depuis la Mer de Glace, et disponible dès le 29 juin à 21h sur myCANAL et CANAL VOD.
  • Un nouvel été commence, et avec lui le retour des festivals. Certes, pas d'une manière optimale et souvent en restant assis, mais c’est un début. S’il fallait trouver un avantage à cette situation, ce serait peut-être qu’elle pousse les organisateurs à se réinventer, notamment sur le plan écologique. Ils et elles sont de plus en plus nombreux à prendre en compte l’impact parfois considérable de tels rassemblements. Les estimations pour un festival accueillant 50 000 personnes sont autour de 1000 tonnes d’équivalent CO2, autant que 400 allers-retours Paris-New York en avion. Sachant qu’en temps normal, entre 8000 et 10 000 festivals sont organisés chaque année, l’addition monte vite.

    Pour réduire au maximum ce chiffre, les initiatives se multiplient. On pense bien sûr au gobelet en plastique réutilisable, aujourd’hui devenu incontournable. Ils sont le symbole d’une prise de conscience générale, avec des effets plus ou moins appuyés. La plupart des festivals organisent désormais le tri des déchets, ou bien, comme Lollapalooza, recyclent l’huile de friture. Un élément est particulièrement central dans les réflexions : le transport, qui représente entre 70 et 80 % de leurs émissions de gaz à effet de serre. À l’image de Solidays, les Vieilles Charrues ou La Route du Rock, beaucoup ont passé des accords avec les réseaux de transport en commun, afin d’inciter les festivaliers à délaisser la voiture. Cela se couple souvent à la mise en place de navettes gratuites.

    L’éclairage est également au centre des réflexions, avec un basculement des lumières à induction vers des LED, moins gourmandes en énergie. Si cela pousse à revoir sa manière de travailler, ce changement permet aussi de faire des économies sur la facture. Enfin, la nourriture est également le cheval de bataille de beaucoup de festivals, qui favorisent de plus en plus le circuit court, la production locale et l’offre végétarienne, à l’impact carbone plus réduit.

    Surtout, ils sont de plus en plus nombreux à faire de leur conscience écologique un argument majeur. On peut penser à Cabaret Vert, à Charleville-Mezières, qui va jusqu’à installer des hotels pour insectes, afin de les préserver le temps du festival. Ou bien sûr We Love Green, aux portes de Paris, qui se place comme fer de lance des festivals écolos. Décors en matériaux recyclés, stands en paille et bambous, alimentation des scènes par panneaux solaires, ramassage de mégots, utilisation de biocarburants, les idées sont nombreuses. L’objectif : organiser un événement 100 % circulaire et neutre en impact carbone d’ici 2025.

    La sensibilisation est également importante, à travers l’organisation de conférences et ateliers. En Normandie, Pete The Monkey, en plus des intiatives citées précédemment – on pourrait également citer la mise en place de toilettes sèches, ou le compostage – pousse ses participants à la réflexion. Son but : récolter des fonds pour Jajc Cuisi, grande réserve de singes en Bolivie.

    Pour le moment, aucune loi stricte n’oblige ces festivals à devenir plus verts. Tout au plus peuvent-ils demander une certification ISO 2021, qui, depuis 2012, propose une norme sur ce qu’est un événement éco-responsable. Mais il faut également faire attention à ne pas tomber dans le greenwashing, permettant aux entreprises polluantes de se donner une image verte. Plus largement, rassembler des dizaines de personnes au même endroit aura toujours un impact déplorable sur l’environnement. S’il n’est pas question de renoncer aux festivals, tout est une question d’équilibre entre ces moments de communion et leur impact sur la planète.

    Ces enjeux sont également de plus en plus pris en compte par les artistes eux-mêmes. En novembre 2019, Coldplay déclarait ne pas vouloir faire de tournée, afin d’éviter de prendre l’avion. Idem pour Massive Attack, qui préparait en 2020 une tournée européenne intégralement en train, repoussée par la pandémie. Un mouvement qui s’est encore renforcé avec Music Declares Emergency, mouvement international porté par le slogan « No Music On A Dead Planet ». De nombreux artistes y sont associés, comme Rone, Hyphen Hyphen, Billie Eilish ou encore Brian Eno. Quant à Suzane, elle expliquait déjà début 2020 ses réflexions sur le sujet : « C'est compliqué, on essaie d'équilibrer en se disant : 'Ok j'ai pris l'avion mais à Paris ce sera le vélo' ». Une manière de se rappeler que tout le monde est concerné, à chaque instant.

    Les tickets pour le livestream de Suzane sur la Mer de Glace sont disponibles ici. Le concert sera disponible le 29 juin à 21h sur myCANAL et CANAL VOD, et l'intégralité des recettes sera reversée à la Fondation Good Planet, présidée par Yann Arthus Bertrand.