De Napster à "Lulu", toutes les fois où Metallica a fait n'importe quoi

De retour avec un onzième album ("72 Seasons"), Metallica a réussi la prouesse de dépasser les 40 ans de carrière. Mais on ne devient pas le groupe de metal le plus célèbre du monde sans commettre quelques erreurs et déclencher de nombreuses controverses. Petit florilège du worst-of du groupe. comme l'ont appris de nouveaux fans l'été dernier, dans une vidéo TikTok appelant à "cancel" Metallica, après leur retour de hype grâce à la série "Stranger Things" (Netflix).
  • 1. Engager un nouveau bassiste pour le faire disparaître du mix

    Les problèmes de production des albums de Metallica font partie intégrante de la légende du groupe, et ils sont donc logiquement bien représentés dans cet article. Le premier d'entre eux intervient sur le grand "...And Justice for All" (1988), où apparaît pour la première fois Jason Newsted, bassiste remplaçant le défunt Cliff Burton.

    Dommage qu'on ne puisse quasiment pas entendre son instrument sur l'album, ce qui donne un mix très clivant. La faute à Lars Ulrich – on va beaucoup parler de lui dans les lignes qui suivent – qui ordonne au responsable du mixage (Steve Thompson) de baisser le volume de la basse jusqu'à ce qu'il soit à peine audible.

    Son interlocuteur croit que c'est une blague, mais non. Un comportement hallucinant qui a évidemment de quoi alimenter les rumeurs selon lesquelles Jason Newsted était le souffre-douleur du groupe, ce qui a conduit à son départ en 2001.

    2. Faire des blagues sur la mort de Kurt Cobain quelques jours après sa mort

    Le suicide du leader de Nirvana le 5 avril 1994 est l'une des dates les plus tristes de la grande histoire du rock. Plusieurs générations de fans ont été marquées à vie par ce drame.

    Les membres de Metallica n'en font probablement pas partie : quelques jours après la mort de Kurt Cobain, ils font des blagues particulièrement gênantes sur le sujet en plein concert.

    3. Contribuer à la fermeture de Napster

    C'est de loin la polémique la plus connue de la carrière de Metallica. En 2000, le groupe réalise qu'une démo d'un morceau pas encore sorti circule sur une application de partage de fichiers, Napster, en compagnie de l'intégralité de leur discographie. Horrifié, Metallica porte plainte et n'hésite pas à transmettre à la justice la liste des 335 435 utilisateurs qui téléchargent leurs chansons. Lars Ulrich se rend même en personne chez Napster pour livrer la liste de 60 000 pages, chargée dans un camion. Pas le meilleur moyen de se faire des copains.

    Pour faire court, Napster perd le procès et est obligé de fermer ses portes à l'été 2001, avant de renaître ironiquement sous la forme d'un service de streaming légal en 2016. Cet épisode changera pour toujours l'image de Metallica auprès du public et des fans, et reste aujourd'hui une tâche indélébile dans la biographie du groupe. Mais avec le recul, les membres de Metallica ne regrettent rien ou presque, notamment Lars Ulrich, particulièrement en pointe dans le combat du groupe sur ce sujet. En 2018, Kirk Hammett déclare même : "Nous avons toujours eu raison à propos de Napster, peu importe les gens qui disent qu'on avait tort."

    4. Dire oui à la torture des prisonniers de Guantanamo avec du Metallica

    Pendant les années 2000, on a appris que l'armée américaine jouait des tubes occidentaux à fond les ballons dans les oreilles des détenus de Guantanamo, entre autres sévices. Et parmi les morceaux utilisés, on trouvait Enter Sandman de Metallica. Pas de quoi mettre en colère le chanteur du groupe, qui a blagué sur le sujet en interview : "Si les Irakiens ne sont pas habitués à la liberté, alors je suis heureux de faire partie de leur éducation". Et ce n'est pas fini : "Je suis honoré que mon pays utilise quelque chose pour nous aider à rester en sécurité".

    Dans la vidéo ci-dessous, James Hetfield ne prend absolument pas au sérieux le sujet, et se dit même "fier" de cette pratique, ajoutant qu'il ne souhaite rien faire pour qu'elle s'arrête. Donc au moins les choses sont claires. Sa seule inquiétude : apparaître comme un groupe politique (il revendique l'apolitisme depuis toujours). Cette triste séquence aura au moins le mérite d'inciter le groupe Chumbawamba à écrire la chanson Torturing James Hetfield sur l'album "ABCDEFG" (2010), ce qui n'a évidemment pas plu aux fans de Metallica.

    5. Créer un son de batterie qui devient une référence à ne pas suivre

    Le moins que l'on puisse dire, c'est que le premier album de Metallica sorti après l'affaire Napster a été accueilli froidement. "St. Anger" (2003) est un peu le mouton noir dans la discographie du groupe, et principalement pour une raison qui continue de déclencher l'hilarité vingt ans après : le son de la batterie, et plus particulièrement celui de la snare (caisse claire) de Lars Ulrich, qui sonne comme s'il tapait sur un couvercle de poubelle en métal.

    Le pire est que ce son est le résultat d'une erreur remarquée par le batteur, mais celui-ci a décidé de ne pas la corriger, considérant que c'était un heureux accident. Malheureusement pour lui, rares sont les personnes à partager ce point de vue,

    6. Saccager un album avec une production surcompressée

    En 2008, il y a une bonne nouvelle pour les fans de Metallica : le groupe revient enfin à ses racines, avec "Death Magnetic", un album très éloigné des excès de "St. Anger". Mais il y a aussi une mauvaise nouvelle : l'enregistrement a été produit par un Rick Rubin peu inspiré, qui a mixé le tout en comprimant au maximum le signal sonore, créant un effet de distorsion très désagréable à l'oreille, caractéristique de la "loudness war" de pas mal d'albums de l'époque, où l'idée était de sonner le plus fort possible.

    Insupportable pour beaucoup de fans, ce saccage entraîne la création d'une pétition massivement signée pour un nouveau mix de l'album, ce qui finira par arriver en toute discrétion en 2015 sur iTunes. Avant cela, les fans mécontents étaient obligés d'écouter la seule version correctement produite des morceaux sur le jeu de rythme "Guitar Hero"… Et comme souvent en cas de polémique pour Metallica, Lars Ulrich est monté au front pour expliquer (en gros) que la production d'origine est parfaite, que les fans qui se plaignent font beaucoup de bruit pour rien alors qu'ils ne sont pas qualifiés pour parler, et que Rick Rubin a fait du bon boulot en mixant l'album comme il le fallait. Mm.

    7. Enregistrer l'un des pires albums de la carrière de Lou Reed

    Sorti en 2011, l'album collaboratif de Metallica avec Lou Reed ("Lulu") est une source inépuisable de blagues pour quiconque a déjà essayé de l'écouter. Sorte de successeur spirituel du suicide bruitiste "Metal Machine Music" (1975), "Lulu" restera malheureusement toujours comme le dernier album enregistré par Lou Reed avant sa mort en 2013 – et celui où il a voulu en venir aux mains avec Lars Ulrich (on le comprend).

    Mais malgré l'énorme flop commercial et critique de "Lulu", les membres de Metallica continuent de le défendre en interview – Lars Ulrich en particulier – et affirment qu'avec le temps, il deviendra un classique. On raconte même qu'avant sa propre mort, David Bowie aurait confié à James Murphy (LCD Soundsystem) et à la veuve de Lou Reed (Laurie Anderson) qu'il s'agissait bien du chef-d'œuvre de ce dernier. Encore une preuve que Bowie venait bien d'ailleurs.

    Crédit photo : NRK P3

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