De Blur à Bowie, les meilleures pochettes réalisées par des street artistes

La pochette d'album étant un art à part entière, il était logique que les street artistes et les graffeurs finissent par investir ce champ d'expression. Arrivées très tôt, via David Bowie ou Malcolm McLaren, ces connexions entre musiciens et artistes n'ont cessé de s'accentuer et de donner vie à des covers aujourd'hui devenues symboles. La preuve par cinq.
  • Keith Haring x David Bowie

    Avant d’être un motif déclinable sur des t-shirts Uniqlo, le style de Keith Haring était surtout une révolution, un trait atypique, capable de charrier au sein d’un même dessin l’esprit de New York, des idées militantes et des clins d’œil à la pop culture. C’est donc tout naturellement que l’Américain, proche de Jean-Michel Basquiat, a fini par collaborer avec des musiciens, réalisant les pochettes de Malcolm « Monsieur Sex Pistols » McLaren (« Duck Rock »), Sylvester (« Someone Like You »), Bipo (« Crack Is Wack »), Peech Boys (« Life Is Something Special ») et même David Bowie. Autant dire que la cover de Without You, single extrait de « Let’s Dance », est aujourd’hui un objet d’art, prisé et recherché.

    Shepard Fairey x Smashing Pumpkins 

    Pour mesurer l'étendue du travail de Shepard Fairey, il est possible de citer sa collaboration avec Obey ou son portrait iconique de Barack Obama. Véritable légende du street art, l’Américain a également décliné son identité visuelle dans des pochettes d’albums, sans se limiter à un genre musical ou à un type de groupes : de Black Eyed Peas à Led Zeppelin, en passant par Tom Petty et Sage Francis, la liste est vaste. C’est toutefois celle de « Zeitgeist », le sixième album des Smashing Pumpkins, sorti en 2007 (autant dire à une époque où le groupe n’excite plus grand monde), que l’on choisit de retenir. Pour deux raisons.

    La première : on y ressent illico la patte de Shepard Fairey, avec ses couleurs vives et ses nuances bien marquées. La seconde : on y voit là tout l’engagement politique d’un artiste qui, avec cette Statue de la Liberté en train de couler dans une mer calme, pose l’idée d’un réchauffement climatique et se fait plus pertinent que n’importe quel film catastrophe de Michael Bay.

    Futura 2000 x Unkle

    À l'image de Mode2, pionnier du graffiti, à l'origine de la pochette de la compilation « Rapattitude », Futura 2000 s'est lui aussi associé à différents musiciens au cours de sa carrière. Il y a son amitié avec les Clash, richement détaillée. Il y a aussi cette pochette de « Psyence Fiction », le premier album d'Unkle, sorti en 1998. Une collaboration logique quand on sait que Futura 2000 s'est rapidement lié d'amitié avec James Lavelle, réalisant diverses pochettes pour le label de ce dernier (Mo'Wax). Des covers qui, si on devait les résumer grossièrement, pourraient être caractérisées ainsi : un sens de l'abstraction évident, un jeu sur les lumières et une mise en scène futuriste apte à faire le bonheur des férus de l'underground à la fin des années 1990.

    Banksy x Blur

    C’est sans doute là l’œuvre la plus connue de cette liste, celle qui a fait le plus parler au moment de sa conception en 2003. A l’époque, Banksy est déjà un mystère, et sa présence sur le septième album de Blur (« Think Tank ») ne manque pas d’interpeller. Dans Banksy : The Man Behind The Wall, le street artiste anglais revenait lui-même sur cette collaboration que beaucoup jugeaient alors purement mercantile : « J’ai fait quelques trucs pour payer mes factures et oui, j’ai fait la cover de Blur. C’était un bon disque et un bon paquet d’argent. Je pense que la distinction est très importante. Si on fait quelque chose parce qu’on y croit, même si c’est quelque chose de commercial, ça ne le transforme pas automatiquement en merde. »

    Non, c'est sûr. Mais c'est tout aussi évident que les œuvres de Bansky représentent systématiquement une petite fortune : en 2007, l’œuvre originale de « Think Tank » était vendue 750 000 livres aux enchères.

    D Face x Blink-182

    Entre le groupe américain et le street-artiste anglais, c’est une longue histoire d’amitité. Travis Barker, le batteur de la bande, aime le travail de D Face : il lui fait savoir, lui rend visite dans sa galerie londonienne et finit même par acheter certaines de ses pièces. Un jour, persuadé que le contact est bien passé, Travis Barker demande ainsi au britannique de bosser sur la pochette du prochain album de Blink-182. Le septième : « California ».

    Ce qu’on y trouve ? Tout ce qui fait la patte de D Face, déjà auteur d’une pochette pour Christina Aguilera en 2010 (« Bionic ») : une esthétique vintage et cartoonesque, des clins d’œil au pop art et, toujours, cette histoire d’amour étrange entre une personne réelle et un mort-vivant. L’Anglais, qui s’est vu refuser plusieurs propositions par le groupe, parle de son travail comme d'un art aPOPcalyptic : la cover de « California » en est une brillante démonstration.

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