L'histoire de la pochette du "Think Tank" de Blur, peinte par Banksy

Pour la pochette de leur septième album, les membres de Blur ont fait appel à un de leurs compères anglais, Banksy. Le street artist, alors au début de sa notoriété planétaire, établit une relation spéciale avec le groupe londonien, surtout par intérêt financier.
  • Le style de Banksy est reconnaissable entre mille. Ses pochoirs étalés dans le monde entier sont parfois sarcastiques, souvent porteurs de messages engagés. Pour la pochette de Blur, il a décidé de reprendre l'une de ses œuvres précédentes et de la modifier au goût du groupe. Après plusieurs essais peu concluants, les Anglais se sont mis d’accord sur le graffiti intitulé “Think Tank”, qui donnera son nom à l’album.

    Au moment où Banksy a été interrogé sur son travail avec Blur, il répondra : “J'ai fait quelques trucs pour payer les factures, et j'ai fait l'album de Blur. C'était un bon disque et la commission était assez importante.” Comme quoi, il en faut peu au street artist pour se consacrer pleinement à une pochette de disque, même si sa notoriété n’était pas encore celle qu’on lui connaît aujourd’hui.

    Si Banksy a pris un gros cachet pour faire la pochette de “Think Tank”, il ne s’est pas arrêté là. En 2007, il place sa création aux enchères à Londres. Éstimée à 30 000€, elle est adjugée vendue pour la somme de 90 000 €. Alors que cette œuvre est, à l’origine, une commande de Blur, on ne sait pas si le groupe a touché une com' à la suite de cette affaire (il semblerait que Banksy ait tout empoché). Ce n’est pas la seule peinture de l’artiste de Bristol utilisée par Blur. Pour illustrer leur single Crazy Beat, les Anglais ont repris l'une de ses fresques murales.

    Incontestablement, Banksy a réalisé l'œuvre initiale que l’on voit sur la pochette de Blur, mais ce n’est pas le seul artiste derrière la cover. Il a travaillé au côté de Steve Lazarides, ami de longue date du street artist, mais surtout photographe. Le jour où Banksy doit retrouver Blur pour peindre leur pochette sur un mur de Deptford, quartier de l’Est londonien, il débarque avec Steve. Ce dernier se souvient : “C'était l'un de mes shootings préférés.” Il prendra alors des clichés du groupe, pendant que son pote s'adonne à ses peintures dans son coin, avant de photographier l’image finale, qui deviendra donc la pochette de “Think Tank”.

    Le titre de l’album a une signification bien particulière. En français il se traduit par “réservoir des pensées” et il désigne des groupes d’experts indépendants, essentiellement dans le monde de la politique. Leur but serait de mener des études auxquelles la population n’aurait pas accès pour mieux la manipuler. Sur ce coup-là, Blur frôle presque avec le complotisme. Mais le nom de “Think Tank” justifie leur choix concernant l’artiste derrière la pochette du disque. Banksy a toujours été très engagé durant sa carrière, et le voir ainsi associé à un message politique fort comme celui-ci paraît presque logique… Même s'il a tout de même demandé à être (très bien) payé. Cet engagement est d’autant plus fort sur la cover du single Good Song.

    Après ça, Blur attendra plus de 10 ans pour ressortir un disque avec un visuel très différent de l’album précédent. "Think Tank" symbolise quant à lui l’étroite collaboration entre un groupe de rock mythique et un street artist légendaire; les deux ayant réussi à travailler ensemble au moment opportun pour s’élever mutuellement.