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Tout a débuté le 30 mars. Olivier Dartois, à la tête d’un syndicat (le Prodiss) qui regroupe des producteurs, des exploitants de salles ou encore des organisateurs de festivals, envoie une lettre au ministre de la Culture Franck Riester. Dans celle-ci, le président exprime ses « vives inquiétudes face à l’organisation des événements à venir et dans le contexte de la crise du COVID-19 ». Il demande au ministère de clarifier au plus vite la situation concernant la tenue, ou non, des festivals cet été. Mais à la fin de la lettre, Olivier Dartois suggère le report des événements à l’été 2021 pour « permettre la survie de cet écosystème ». Une phrase qui a depuis fait vivement réagir au sein de l’industrie musicale, notamment de la part de structures plus petites avec moins de force de frappe.
COVID-19 : 590 millions d’euros de pertes de chiffre d’affaires estimées pour le secteur du spectacle vivant privé, et 37 900 personnes concernées par un arrêt de leur activité https://t.co/Pxi3hqHXCI
— PRODISS (@prodiss) March 20, 2020
Plusieurs acteurs, dont Nuits Sonores, Château Perché ou encore les Plages Électroniques, écrivent dans une pétition : « À l’exception de quelques mastodontes de l’industrie musicale, notamment internationaux, les grands acteurs de l’événement français n’ont pu souscrire des assurances afin de garantir leurs pertes abyssales. » Pour faire en sorte de maintenir leurs événements, et à fortiori éviter le pire, ils « adapteront le format de leurs manifestations et mettront en place toutes les mesures sanitaires qui s’imposent ». Ces plus petites structures estiment être « flexibles » et peuvent « attendre la fin du confinement pour prendre les décisions adaptées ». La pétition explique que la richesse des artistes sur le territoire français permettra d’offrir une programmation variée et qu’à la fin du confinement, « il y a fort à penser que la demande de loisir et de divertissement de groupe explose ».
Pour Tommy Vaudecrane, président de l’association Technopol et signataire de la pétition, « que ce soit d’un point de vue économique ou des assurances souscrites, de nombreuses petites structures ne disposent pas des moyens financiers des grandes entreprises nationales et internationales, ni de leurs niveaux de contrats d’assurance, principalement sur les assurances annulation. De fait, ces petites structures ne pourront pas être indemnisées, même dans le cadre d’un arrêté préfectoral. Cette mesure serait donc une catastrophe pour le tissu économique des PME qui constituent la majeure partie de l’offre culturelle estivale », peut-on lire sur le site de Technopol.
Ainsi, la pétition demande au ministre de « ne prendre aucune décision qui ne servirait que les intérêts des plus grandes entreprises du spectacle au détriment de ce qui nous semble être l’intérêt commun ».
L’ensemble des acteurs de l’événement français s’oppose à une lettre envoyée au Ministère demandant des arrêts préfectoraux au niveau national pour l’annulation des événements de 2020. https://t.co/PuwhZKuvYW
— Technopol (@Technopol) March 31, 2020
Le gouvernement n’a pas encore réagi, ni à la lettre, ni à la pétition. Mais dans une interview accordée à Trax, Olivier Dartois s’est expliqué sur ses propos. « Nous n’avons jamais demandé le report ou l’annulation des festivals de cet été. Il y a un paragraphe qui peut sembler équivoque à cet effet. Mais c’est avant tout une constatation observée ici et là, ainsi qu’au-delà de nos écosystèmes, des agents et managers des artistes français et étrangers, qui semble se généraliser dans les esprits. Nous l’avons mis pour provoquer la réaction du ministre, car pour l’instant nous n’avons pas la visibilité dont nous avons besoin, assure le président, qui précise que ses propos ont été mal compris, parce que cela a été mal expliqué. Loin de nous de vouloir demander la suppression des événements de cet été. »