COVID-19 : un groupe bolivien coincé dans un château allemand peuplé de loups et de fantômes

Ça ressemble au pitch d'un très mauvais film américain, et pourtant c'est le calvaire vécu depuis début mars par les 20 membres de l'Orquesta Experimental de Instrumentos Nativos. Un calvaire à 32 000 euros par mois.

C'est une drôle d'histoire inspirée par la folie coronavirus, et personne ne sait si elle est à rire ou à pleurer. Elle nous est racontée ces jours-ci par la BBC, qui relate le cauchemar vécu par une vingtaine de musiciens de l'Orquesta Experimental de Instrumentos Nativos - qui comme son nom l'indique trafique des flûtes de pan traditionnelles, et ce depuis 40 ans.

Tout débute debut mars, quand les Boliviens atterissent sur le sol allemand avec deux semaines de tournée en Allemagne de l'est. Certains d'entre eux sont encore mineurs, la plupart ne sont jusque-là jamais sortis de leur pays ; c'est pour résumer un grand moment. Le 10 mars, Berlin annonce malheureusement que la région s'apprête à interdire tous les concerts de plus de 1000 personnes en raison de la pandémie. Premier coup dur. "Notre bus est tombé en panne sur l'autoroute, témoigne à la BBC l'un des musiciens. Je me souviens avoir rigolé en disant que c'était pas de bol et que peut-être tous nos concerts allaient être annulés." Il est loin du compte.

Non seulement l'Orquesta Experimental de Instrumentos Nativos ne jouera nulle part, mais leur propre pays annonce dans la foulée qu'il ferme ses frontières. Coincé en Allemagne, subitement elle aussi verrouillée de l'intérieur, les Boliviens se retrouvent du jour au lendemain coincés au milieu du néant. Et ce néant a un nom : Le château de Rheinsberg, où vécut notamment Frédéric le Grand, ancien roi de Prusse connu pour son amour de... la musique. 

Bloqués à 1h30 de Berlin, l'orchestre doit se replier dans le chateau où il devait initialement être hebergé une nuit pour jouer dans un festival à proximité. Cela fait désormais presque 80 jours qu'il squatte l'endroit incroyable, mais pas dans la batisse principale, non, plutôt une chambre d'hôte attenante où ils se sont fixés pour objectif de répter six heures par jour.

Confinement oblige, leur seule occupation consiste à parcourir la forêt du domaine où rodent 23 meutes de loups et où, si l'on en croit l'un des membres, l'esprit d'un fantôme (celui de Frédéric le Grand ?) se baladerait. Voilà une histoire qui se transforme en remake de Blair Witch...

Et comme si cela ne suffisait pas, les frais d'occupation s'élèvelent à 32 000 euros par mois. Une somme énorme que le groupe n'est évidemment pas en mesure de payer - le festival qui devait les accueillir aurait déjà réglé une partie de l'addtion grâce aux subventions publiques. À ce jour, le groupe est encore coincé dans les lieux, avec l'espoir de repartir vers son pays natal, à 10 000 km de Berlin.

Le point positif est que cette mésaventure aura au moins permis de mettre en lumière cet orchestre bolivien atypique. Pour le reste, pas sûr qu'ils remettent les pieds sur le sol européen avant un petit moment. Surtout quand ils auront lu cette étude allemande selon laquelle les flûtistes sont les musiciens les plus dangereux quant il est question de contaminer les voisins.

 


 

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