COVID-19 : les flûtistes seraient les musiciens les plus contagieux

C’est l’une des conclusions les plus ahurissantes depuis le début de l’épidémie, et elle fait suite à de nombreux cas de contaminations lors de concerts ou répétitions.

Chanter serait-il dangereux pour la santé ? C’est la question qui anime l’internet depuis quelques jours après qu’il a été fait état de contaminations sévères en deux points éloignés du globe.

Tout débute dans l’État de Washington, début mars. La répétition d’une chorale vire au drame lorsque 45 des participants tombent étrangement malades après que l’un des membres s'est présenté avec un « léger rhume ». Par la suite, trois des musiciens seront hospitalisés, deux mourront. Même son de cloche à Amsterdam, quelques jours plus tard, avec cette fois 102 choristes (sur 130) infectés suite à une réunion dans un espace clos. Bilan : 4 morts. Et les autres cas similaires sont nombreux, autant en Angleterre qu’en Allemagne. De quoi s’interroger sérieusement sur cette pratique ancestrale qu’est le chant, à l’heure du port de masque.

Depuis le début de l’épidémie, les experts sont au première loge pour raconter à peu près tout et son contraire. Des concerts qui ne devraient revenir qu’à l’automne 2021 à l’interdiction des pogos et autres slam, on a tout lu. Autant dire qu’apprendre que le fait de chanter pourrait tuer des gens n’est, finalement, pas plus surprenant.

À ce propos, l’OMS explique que le covonavirus se propage essentiellement par le biais des gouttelettes respiratoires (éternuement, toux, etc). Il n’est donc pas surprenant de lire que toutes les Lara Fabian en puissance sont des bombes à retardement. Selon le Dr Gerald Evans, président de la division des maladies infectieuses de l'université Queen's, au Canada, “le chant dans une chorale expose les membres de la chorale à de grosses gouttelettes respiratoires, qui tombent à environ 2-3 mètres d'une personne infectée”. Idem pour Colin Furness, expert en épidémiologie des maladies infectieuses de l'université de Toronto : "Chanter en groupe implique généralement de rester dans une pièce fermée pendant une période prolongée. […] Pour cette raison, je dirais que le chant de groupe est extrêmement risqué.” De quoi faire trembler tous les organisateurs de festival…

Là où ces études deviennent encore plus étonnantes, c’est que l’ensemble du corps scientifique ne semble pas d’accord sur la question. C’est notamment le cas du professeur Christian Kahler, expert en mécanique des fluides à Munich : "J'étudie le comportement des gouttelettes et des aérosols depuis des décennies et je doute fort que des musiciens et des chanteurs propagent le virus.” Pour en arriver à cette information, notre expert en postillons a decidé de tester différents instruments (dont les cordes vocales) et le résultat est sans appel : "L'air n'a été propulsé qu'à environ un demi-mètre devant un chanteur, et ce n'est pas assez loin pour provoquer les niveaux d'infection de ces épidémies. […] En revanche, la flûte est particulièrement dangereuse car son débit d’air est considérable, elle peut projeter les particules à plus d'1,50 mètre. De même pour le hautbois et la clarinette."

Pas de quoi remettre en question le retour des concerts à l’automne ; les cas de contagion des chorales suscitées étant probablement dûs à la proximité entre les chanteurs et chanteuses – nous n’étions alors qu’au tout début de l’épidémie et les distances de sécurité n’étaient pas devenues un réflexe.

En definitive, on tient surtout là une bonne raison de detester encore un peu plus cet instrument qui a traumatisé des millions de collégiens. On attend désormais patiemment qu’une bonne âme se decide à lancer une pétition Change pour interdire les festivals de flûte.

Pour vous détendre, on se quitte avec la playlist des meilleurs titres jamais joués avec une flûte