2021 M02 22
La riposte se préparait déjà. Le 18 février dernier, Roselyne Bachelot douchait les espoirs de nombreux festivals en France : ils devront se tenir assis, avec 5000 personnes au maximum. Une cascade d’annulations s’est ensuivie, mais avant même cette annonce douloureuse, la mobilisation était déjà en place. En tout cas, celle du milieu de la musique électronique. Quelques heures avant que la Ministre de la culture ne prenne la parole, l’association Technopol publiait une tribune sur le blog de Mediapart, appelant à la création de lieux extérieurs pouvant accueillir des concerts dans toutes les villes de France. Leur nom : les ZUT, ou Zone d’Urgence Temporaire.
« Cela fait neuf mois que la fête est à l’arrêt, neuf mois que la nuit est réduite au silence », rappelle l’association, organisatrice de la Techno Parade ainsi que de la Paris Electronic Week. Dénonçant le « silence assourdissant » concernant le monde de la musique, ils en appellent à ce qui serait pour eux « une mesure phare d’un plan de relance de notre secteur et du sauvetage de la nuit ». L’objectif de tels espaces ouverts, mis à disposition par les collectivités locales, serait de pouvoir accueillir une programmation hors-les-murs des salles de concerts, mais aussi des événements locaux. Et surtout, « toutes les esthétiques musicales doivent être représentées ».
Les militants précisent également que « la ville de Paris avance sur l’idée ». En effet, le 12 février, la mairie de Paris, via son adjoint en charge de la vie nocturne Frédéric Hocquard, a proposé 60 lieux en plein air pouvant accueillir des événements cet été. Si la confirmation de l’emploi de tels lieux est encore soumis à l’évolution de la pandémie, l’idée est notamment avancée pour éviter le phénomène des « free parties », organisées clandestinement durant l’été 2020, hors de tout contrôle sanitaire.
Sous son seul nom, Kévin Ringeval, fondateur de Technopol, avait déjà proposé l’organisation de ces ZUT de la fête, dans une tribune publiée sur le site du magazine Trax le 9 juillet dernier. Il y proposait un protocole sanitaire pour pouvoir aménager de tels espaces, imaginant notamment la construction de grands chapiteaux, avec un système de ventilation. L’idée n’avait cependant pas eu de suite. Selon la nouvelle lettre publiée dans Mediapart, l’association a, entretemps, continué de penser et élaborer ce protocole, « avec l'aide de médecins et d’acteurs culturels », sans donner de plus de précisions.
D’autres initiatives sont en cours pour essayer d’accélérer le retour des concerts. On peut penser aux concerts test, prévus à Marseille et à Paris, sous la tutelle de l’Inserm, en configuration assise et debout. La région Nouvelle Aquitaine, elle, présentait début février sa propre piste pour un protocole sanitaire. Elle se base notamment sur un programme nommé OPÉRA (Outil Probabiliste pour l’Évaluation du Risque par Aérosols). Cette intelligence artificielle, développé par l’ITEMM du Mans, pourrait calculer les risques de transmission du coronavirus à partir de 30 paramètres : taille de la salle, jauge du public, qualité de la ventilation, mais aussi état actuel de la pandémie, etc. L’outil en est encore à une phase expérimentale, et le conseil régional attend encore une autorisation du gouvernement pour lancer des tests.
Autant de signes, et il y en a d’autres encore, qui montrent que le milieu de la fête est loin de s’avouer vaincu. Ne reste plus qu’à espérer que ces efforts, et surtout ces sacrifices, finiront par payer. Après tout, l’espoir fait vivre, et c’est bien de survie dont il est ici question.