Comment la pochette de “Flower Boy” a fait exploser l’image de Tyler, The Creator

En 2017, le rappeur de Los Angeles sort son cinquième album accompagné d’une cover qui a surpris tous ses fans. Fini les visuels inexplicables : Tyler s’attaque à l’art le vrai en embauchant un peintre réputé. Cet artiste lui pond un tableau surprenant et unique dans la discographie du chanteur.
  • La pochette de “Flower Boy” est un véritable virage à 90 degrés pour Tyler, The Creator. Les couvertures de ses quatre premiers albums ont été réalisées par ses soins avec une vision artistique très précise, bien que parfois incompréhensibles pour ses fans. Entre images énigmatiques (“Goblin”, “Bastard”) et montages grotesques (“Wolf”), il est impossible de prédire comment sera la cover du prochain disque de Tyler. Pour “Flower Boy”, le rappeur a pour la première fois fait appel à un autre artiste pour s’occuper de l'artwork, lui permettant d’étendre encore plus sa conception visuelle.

    La pochette de cet album a été entièrement dessinée par Eric White. C’est donc une innovation pour Tyler, The Creator qui n’avait jamais utilisé de peinture sur ses précédentes covers, sans détails. Sauf qu’ici, ils deviennent primordiaux. Chaque recoin de l'œuvre a été méticuleusement travaillé, au point que certains éléments sont presque invisibles quand on regarde l’image de l’artwork sur une plateforme de streaming. C’est d’ailleurs la volonté commune du peintre et du rappeur de réaliser une pochette complexe plus adaptée au format vinyle qu’à celui de Spotify.

    Ce nouveau virage visuel pris par l’auteur de Yonkers, Eric White l’a très vite compris et assimilé. Les deux artistes se sont réunis pour trouver des idées communes en vue de la réalisation de la pochette de “Flower Boy”, notamment grâce à des croquis de Tyler. Le rappeur a montré certains de ses propres dessins au peintre américain avant qu’ils se mettent tous deux d’accord sur un projet précis. White a expliqué ce processus à Complex au moment de la sortie de l’album : “Je faisais des compilations détaillées à partir de ses croquis et de ses idées, et nous avons fait des allers-retours plusieurs fois. Après que je lui ai montré la composition finale, il était d'accord et m'a laissé tranquille jusqu'à ce que je termine le tableau.

    Pour la première fois depuis le début de sa carrière en 2009, Tyler, The Creator délègue. Toutefois, il a gardé une maîtrise complète de l'œuvre du peintre originaire du Michigan : “je n'aurais pas fait une image comme celle-ci de mon propre chef” a révélé Eric White. “Je pense que Tyler apprécie ma technique, qui demande beaucoup de travail. Même si c'est surréaliste, c'est généralement ancré dans une certaine réalité visuelle. Il voulait peut-être que son concept soit exprimé de manière plus réaliste.

    C’est la seule couverture du rappeur où il est représenté pratiquement des pieds à la tête. Mais pourtant, l’intégralité de son visage est recouverte d’une grosse abeille. C’est une demande bien précise de l’artiste à White qui n’a pas cherché à savoir pourquoi on ne verrait pas sa figure. L’hypothèse la plus plausible est sans doute liée à la mise en retrait de Tyler, The Creator sur “Flower Boy”. Sur le visuel de “Wolf” assuré par ses soins en 2013, il s’était représenté deux fois et en gros plan. Pour son cinquième disque, il n’est plus le centre de l’attention et il se retrouve même derrière un animal habituellement minuscule.

    Avec “Flower Boy”, le natif de Los Angeles a décidé de changer totalement d’esthétique. Alors qu’on pourrait croire qu’il s’agit du début d’un autre chapitre visuel de sa carrière, il a encore renouvelé son image avec sur l’album suivant, “IGOR”. Toute la force de Tyler réside en ce point : il est capable de surprendre son public à chaque disque (aussi bien visuellement que musicalement) tout en faisant mouche à chaque fois.