2022 M05 11
Plus qu’un groupe, Backstreet Boys est le symbole d’une époque. Les années 90, le consumérisme triomphant, mais aussi une certaine perte de repères. Et une jeunesse cherchant un plaisir simple et direct. C’est ce qu’ont offert ces cinq Américains, Brian Littrell, Nick Carter, Kevin Richardson, Howie Dorough et A. J. McLean, avec leurs harmonies vocales et leur kitsch assumé. Trente ans plus tard, ce sont les cinq mêmes qui continuent exactement le même projet. Comme si le temps n’existait pas. Le quintet vient d’annoncer sa prochaine tournée européenne, à venir cet automne, dont un passage à l’AccorHotels Arena le 8 octobre, seule date française.
ANNONCE / Les Backstreet Boys sont de retour pour une tournée Européenne ! Ils seront de passage à Paris pour une date exceptionnelle, le samedi 8 octobre à l’Accor Arena dans le cadre de leur DNA World Tour. Mise en vente vendredi 13 mai à 10h 👉 https://t.co/TF9AjoQ8by pic.twitter.com/s9SAhZWbAk
— Live Nation France (@LivenationFR) May 10, 2022
« C’est plus dur qu’un mariage » assurait Littrell en 2019. « Beaucoup plus dur. Vous avez déjà été marié à quatre gars ? ». Pourtant, leur alliance tient toujours debout. Ils n’étaient pourtant que des enfants : Nick Carter n’avait que 13 ans lorsqu’il rejoint le groupe. Mais grâce au flair de leur manager Lou Pearlman (au passage escroc notoire qui a fini ses jours en prison), ils ont lancé la mode du boys band, bien qu’ils détestent le terme : « On a toujours voulu être considéré comme un groupe d’harmonies vocales ». Pearlman a d’ailleurs très bien su où envoyer ses poulains pour trouver le bon équilibre entre kitsch et efficacité : en Suède, auprès d’héritiers d’ABBA. Dès le premier album, enregistré sur place, les BSB ont entamé une collaboration au long terme avec les auteurs locaux.
Au fond, peu leur importe d’avoir mauvaise presse. Après tout, ils ont pourtant écoulé 130 millions de disques, dont 40 pour l’album « Millennium » en 1999 et son tube I Want It That Way. Pour leur tournée de 2000-2001, ils ont vendu 765 000 billets en moins d'une heure. Bref, ils était inarrêtables. Le passage des années 2000 a pourtant été délicat. Les boys bands semblaient déjà passés de mode, et leur simplicité paraissant dérisoire après les attentats du 11 septembre. Mais malgré une baisse de popularité, un hiatus dès 2002, et le départ temporaire de Kevin Richardson en 2006, ils n’ont pas baissé les bras et ont su rester unis. C’est bien là leur plus grand exploit.
Cela passe peut-être par une forme d’humilité, comme ils l’expliquaient en 2012 au site Korea Times : « On a pu nous critiquer parce qu’on était très concentrés sur notre succès, mais on est toujours des gens très ordinaires ». Le groupe a su laisser passer la tempête, et attendre un retour de mode. Le fait de s’adresser à un journal coréen n’a bien sûr rien d’anodin : ce sont eux qui ont relancé les boys band, via la K-Pop. Pourtant, difficile de dire qu’ils rivalisent avec le mastodonte BTS, comme ils pouvaient auparavant rivaliser avec N’Sync (autre création de Lou Pearlman). Ils jouent désormais à un autre niveau. Celui de la nostalgie.
Car le groupe semble avoir bien conscience de venir d’un autre temps. Son âge d’or est passé. Ce qui compte désormais, c’est de maintenir une bulle de nostalgie. Tout passe par un savant équilibre pour s’adapter au marché actuel tout en ne changeant absolument rien à leur formule. Qu’importe que Richardson, le plus âgé, ait dépassé les 50 ans. Dans leur dernier album, « DNA » en 2019, ils assument à fond leur côté désuet. Après tout, il faut bien vivre dans un autre temps pour annoncer un album de Noël pour la fin de l’année 2022. C’est peut-être ça la clé de la longévité : ne pas trop se prendre la tête.
Photo : © Dennis Leupold