Vidéo : ce youtubeur américain réagit aux tubes de la variété française, et c’est magique
Depuis quelques jours, plusieurs internautes français se prennent de passion pour la chaîne YouTube Dereck Reacts. Le concept est classique : écouter des morceaux pour la première fois, et filmer la réaction de l'auditeur. Mais la passion de l'Américain pour les tubes francophones des années 80 et sa gestuelle unique ont, il faut l’avouer, quelque chose de fascinant.
2021 M06 7
Tous les philosophes vous le diront : l’être humain est un animal sociable. Parfois, voir le bonheur d’un autre suffit à nous contenter. Après tout, qui n’a jamais jubilé en faisant écouter son titre préféré à un ami conquis ? Procurer ce plaisir simple, c’est ce dans quoi beaucoup se sont spécialisés, à travers le concept du react. L’idée est au fond aussi vieille que YouTube : filmer sa réaction en découvrant un événement, un film, une autre vidéo, ou une musique. Une manière très simple de créer du contenu, et qui peut pourtant fasciner : certaines chaînes de react ont plus de 20 millions d’abonnés.
Mdr c'est exceptionnel je viens d'apprendre l'existence d'une chaîne YouTube avec un américain qui découvre nos plus grands tubes pic.twitter.com/oSMq4TdH9V
— Le Capitaine Charlie 🇨🇵🇪🇺 (@Captcharlie42) June 3, 2021
C’est dans cet exercice plus difficile qu’il n’y paraît que s’est lancé Dereck Rivera, graphiste basé à San Diego en Californie, en avril 2020. Le concept de sa chaîne Dereck Reacts est très simple : des vidéos de réaction à des morceaux des années 80 ou 90, jusqu’à nos jours. Dans un premier temps, il se concentre sur des tubes anglophones (ABBA, Madonna, Kylie Minogue, Blondie, etc.), ainsi que des titres latins en espagnol. Puis en août 2020, l'un de ses abonnés lui suggère l’écoute de Mylène Farmer. Et voilà le vidéaste absolument sous le charme de la chanteuse, qu’il qualifie de « Madonna mystique ». Dans les semaines qui suivent, il multiplie les réactions à ses clips ou concerts, et finit même par lui dédier un espace dans l’arrière-plan de son décor.
Puis en décembre, il commence à se pencher sur le reste de la scène francophone. Il découvre d’abord les Rita Mitsouko, et leur son « groovy et bizarre » qu’il adore. Puis ce grand fan de sonorités new wave se lance, sans distinction ni préjugés, à la découverte de notre patrimoine 80’s. Niagara, Desireless, Indochine, Étienne Daho, tous y passent, même des noms qu’on croyait oubliés tels Jeanne Mas et François Valéry. Depuis environ un mois, ses vidéos postées quotidiennement font de plus en plus de place aux chansons en français, avec la découverte successive de Johnny Hallyday, Daniel Balavoine, Jean Jacques-Goldman ou Michel Sardou, et même des artistes plus récents comme Alizée (protégée de Mylène Farmer), Indila et Stromae. Toujours avec le même enthousiasme débordant.
Chaque fois, il livre son analyse personnelle du morceau, notamment en seconde partie de vidéo où il lit la traduction anglaise des paroles et quelques informations. Mais soyons clairs : ce n’est pas ça qui est fascinant dans ses vidéos. Ce qui le rend si attachant, ce sont ses réactions excessives à l’écoute de la musique. Sa gestuelle est très expressive (mention spéciale à sa technique de air guitar absolument unique), et il ne peut retenir quelques interjections : « no way », « he’s doing it », « incredible » ou encore « I'm losing my bananas » (je pète les plombs). On laisse les plus cyniques critiquer sa façon de s’enthousiasmer pour le moindre arrangement de synthés tape-à-l’œil typé 80’s, sans aucune retenue. Car il faut vraiment avoir un coeur de marbre pour ne pas lâcher au moins un sourire face à la passion qui habite le vidéaste.
La fraîcheur de ce qu’il propose est d’autant plus grande qu’il ne connaît rien à notre patrimoine. Pour lui, Johnny Hallyday n’est pas la légende qu’il est chez nous. Pourtant, il ne peut s’empêcher de trouver « colossal » son live de Bercy en 2003. Il ne lui faut qu'une écoute pour être charmé par Les Lacs Du Connemara de Sardou, et ses multiples changements d'ambiance. Chaque fois dans un pur premier degré, très naïf. Même quand les morceaux qui le transcendent nous paraîssent être le sommet du kitsch, on savoure cette reconnaissance.