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Au moment de sa rencontre avec les Beatles, Brian Epstein ne travaille pas dans la musique. Du moins pas vraiment. Après des études d’arts dramatiques abandonnées à Londres, le jeune homme se retrouve vendeur dans la boutique de ses parents à Liverpool. Il est même le responsable du rayon musique ; c’est à cet endroit qu’il va faire la rencontre de Raymond Jones. Ce dernier n’est autre qu’un simple client qui vient demander à Epstein où il peut trouver un vinyle des Beatles. Malheur, le vendeur n’a jamais entendu parler de ce groupe. En se renseignant, il voit que les quatre musiciens - Lennon, McCartney, Harrison et Pete Best - se produisent quelques jours plus tard, le 9 novembre 1961, sur la scène du Cavern Club. C’est ici que la carrière des Fab Four va prendre un tournant radical.
On 9th November 1961, Brian Epstein made a short trip around the corner from his NEMs store and visited The Cavern Club to watch @thebeatles
— The Cavern Club (@cavernliverpool) November 9, 2020
It was no more than a 5-minute walk, but that short journey would change the world forever.
The rest, as they say, is history... pic.twitter.com/77mZx5Q5ji
Immédiatement, Epstein tombe amoureux de la musique qu’il entend. Il réussit à faire signer un contrat aux quatre garçons dans le vent au début de l’année 1962, les convainquant qu’ils ont le potentiel pour devenir des stars. Dès lors, le manager s’empresse de démarcher des maisons de disque pour vendre les Beatles. La première les refuse, tout comme la deuxième, puis la troisième. Mais en juin, il tombe sur l’homme qui façonnera le son du groupe : George Martin. Le directeur artistique de Parlophone est séduit, mais il décide d’écarter Pete Best, jugé pas assez bon, pour être finalement remplacé par Ringo Starr. A partir de cet instant, Epstein peut enfin appliquer sa vision aux Fab Four, en commençant par l’esthétique du groupe.
Dans son livre A Cellarful of Noise, le manager raconte : “quand je les ai rencontrés, ils n'étaient pas très bien habillés, ni très propres. Ils étaient cependant plus attirants qu'aucun des autres groupes qui jouaient à ces concerts.” Une fois le deal passé avec George Martin en poche, Epstein s’engage à se mettre en retrait sur la partie musicale. Par contre, il prend en main toute l’image du groupe. Fini les looks rock’n’roll de l’époque, désormais les Beatles s’habilleront en costume et ils auront tous la même coupe de cheveux. C’est avec ce nouveau style - et des morceaux plus qu’efficaces - que les Liverpuldiens vont commencer à rentrer dans les charts dès le mois d’octobre 1962 avec Love Me Do.
Dès sa rencontre avec les Fab Four, Brian Epstein décèle leur fort capital sympathie et il l'exploite un maximum pour faire progresser le groupe. Il le programme dans plusieurs émissions télés durant lesquels les quatre musiciens s’illustrent par leur sens de l’humour et leur charisme. La vision du jeune manager porte très vite ses fruits, au point que McCartney le désignera comme “le cinquième Beatles”.
En plus d’avoir repéré un potentiel énorme avant n’importe qui et d’avoir accompagné Lennon & Co à leurs débuts, Epstein a continué de diriger le groupe jusqu’à sa mort en 1967. Au cours de son intronisation posthume au Rock and Roll Hall of Fame en 2014, le musicien et producteur Peter Hasher déclarera : “Lorsque Brian a entendu les Beatles pour la première fois, il est devenu un croyant. Cette croyance était la force derrière sa détermination absolue à conseiller, dorloter et faire la propagande du groupe jusqu'à la limite de ses pouvoirs.” Toute la carrière du célèbre manager pourrait être résumée à cela : il a construit l’image des Beatles telle qu’on la connaît à l’aide d’une détermination sans précédent. Brian Epstein est certainement le premier homme sur terre à avoir eu en tête l’idée du boys band, qui deviendra plus que populaire à la fin des années 1980. Un visionnaire en tout point, et qu'on ne retrouve hélas pas dans le docu Get Back de Peter Jackson; à raison puisqu'il est mort après avoir eu la mauvaise idée d'avaler trop de barbituriques. Son décès explique peut-être, en filigrane, l'explosion du groupe trois ans plus tard.