2020 M10 27
Sur le papier, le propos a tout de l’argument marketing, piloté en interne par la maison de disques : « AYA », en effet, s’annoncerait plus « riche et plus personnel », un album sur lequel on découvrirait « de nouvelles facettes » de son autrice. Seulement, deux ans à peine après avoir bousculé les codes du R&B avec « NAKAMURA », Aya Nakamura peut-elle vraiment se réinventer, taper plus haut que ce qu’elle a déjà obtenu (une certification double disque de platine en France, un million d’exemplaires vendus dans le monde, etc.) et convaincre les plus sceptiques de ses qualités intrinsèques ?
Dans les faits, Jolie nana et Doudou, les deux singles envoyés en éclaireur, ne révolutionnent rien. Ils prolongent le style Aya Nakamura, confirme le savoir-faire tubesque de la chanteuse, mais ne suffiront sans doute pas à encourager les médias généralistes (et spécialisés) à parler d’elle pour autre chose que les scores provoqués par ses différents singles.
Pour teaser son troisième album, Aya Nakamura n'a d'ailleurs pas fait dans la demi-mesure, affichant la pochette du disque sur la devanture des Galeries Lafayette. En clair, elle a mis Paris à ses pieds. Le tout avec classe et sobriété. C'est peut-être ça la nouvelle Aya Nakamura, toujours plus « personnelle » dans les thèmes qu'elle souhaite aborder – après tout, qui nous dit que « NAKAMURA » n'a pas été un immense succès parce que, justement, elle y incarnait ses multiples personnalités ?
Preuve que l'autrice de Pookie et Djadja – et donc de ces nouveaux mots repris en masse par les jeunes générations – a pleinement conscience de son statut. Elle s'est dernièrement rapprochée de Wejdene, dont elle reconnaît le travail et auprès de qui elle a possiblement teasé une collaboration. Un peu comme si Aya Nakamura, à l’instar des grandes stars américaines, avait parfaitement compris que, pour rester dans le coup, il valait mieux être à l’écoute des dernières tendances.
Cela ne lui permettra sans doute pas de crédibiliser sa musique auprès des auditeurs les plus hostiles à cette pop irrémédiablement dansante, mais s'en soucie-t-elle vraiment ? Le 13 novembre, c'est bien elle qui sera au centre des attentions avec ce nouveau long-format, promis à la popularité, aux clivages et aux analyses de bon ou mauvais goût.
Reste maintenant à savoir si « AYA », vendu comme un album honnête, ce qui a finalement toujours été le cas (son premier LP ne s’appelait-il pas « Journal intime » ?), peut s'imposer comme le disque de la réconciliation, celui qui permettrait à un public supposément plus intello de comprendre le style d'Aya. Qu'elle résumait ainsi aux Inrocks : « Un langage populaire avec de l’argot, des mots vulgaires mais aussi une histoire intime. C’est tout moi. »