Le Hellfest : histoire d'un festival qui a pactisé avec le diable

C'est officiel depuis plusieurs mois : la foudre va de nouveau tomber sur Clisson. De retour après trois ans de pause forcée, le Hellfest s’offre sa plus grosse édition avec un double week-end et 350 groupes. Après tout, le festival est déjà revenu plusieurs fois des enfers.
  • Ce qui ne te tue pas te rend plus fort”. La fameuse phrase de Nietzsche semble résumer toute l’histoire du Hellfest. Malgré un parcours tumultueux, le festival semblait vivre son moment le plus difficile avec deux annulations successives à cause de la pandémie. En dépit d’une confiance affichée, notamment via le “Hellfest From Home” en livestream, le défi semblait grand. Notamment en raison d’un conflit avec son assureur. Mais le vignoble nantais tremblera bel et bien. À deux reprises, même, puisque le temps de deux week-ends successifs, 350 groupes ont répondu à l’invitation du directeur Ben Barbaud. 

    Des vétérans de Metallica, Guns’n’Roses, Deep Purple ou Scorpions, aux jeunes géants Gojira et Ghost : on ne fait là qu’effleurer la surface du programme, où l'on se demande surtout qui peut bien manquer à l’appel. Plus rien ne semble pouvoir faire chuter le festival. Après tout, avec ses énormes installations, visibles depuis la route, et notamment sa statue de Lemmy Kilimister haute de 14 mètres, le festival fait littéralement partie du paysage.

     

    En réalité, dès les origines du Hellfest, il est question de renaissance. L’aventure a démarré il y a 20 ans avec le Furyfest, rassemblant 400 fans de punk hardcore à Clisson. Déménageant en périphérie de Nantes, puis dans le circuit des 24h du Mans, le jeune festival a vu passer Slipknot, Slayer ou Anthrax. Mais en 2005, des promoteurs peu scrupuleux partent avec la caisse, laissant Ben Barbaud et son nouvel acolyte Yoann Le Névé ramasser les débris. Pas découragés, il retournent sur leurs terres clissonaises, et lancent le Hellfest dès 2006. Ne reste alors qu’à convaincre les politiques locales, plutôt réticentes. Quitte à louvoyer, en présentant le projet comme un "mini-Vieilles Charrues", sans jamais prononcer le mot hard rock.

    Tout n’était pas gagné pour autant. Malgré une bonne fréquentation, et la présence de Motörhead ou Dead Kennedys, le déficit financier s’élève à 200 000 euros. Jouant le tout pour le tout, les deux amis persévèrent. Et manquent de s’effondrer dès la seconde édition, perturbée par d’énormes pluies. Un groupe électrogène prend feu, Korn préfère annuler. Mais le public, lui, répond toujours à l’appel, transformant ce cauchemar en moment de solidarité. Et de bataille de boue.

    Grâce à sa présence, le festival est aujourd’hui l’un des plus importants en France, ne craignant ni les intégristes religieux (qui avaient tout de même détruit une partie du décor et des installations en 2015, quelques jours avant le début des concerts) ni les pandémies. Ce soutien indéfectible s’explique facilement : Barbaud sait comment leur faire plaisir. Il partage ce même plaisir enfantin de voir ses idoles. Il a su imaginer et développer une expérience totale, des décors à la scénographie. Tout est parfaitement rodé. Sans jamais sacrifier ce plaisir là, le festival a su prendre de l’ampleur. Et tant que ce public sera là, le Hellfest saura le prendre par les cornes.

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