2021 M04 30
Depuis l'été 2015, c'est la règle à suivre : pour éviter un décalage des sorties d'un pays à l'autre, la Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI) a décidé d'harmoniser la date des sorties et établi le vendredi soir, à 00h01 heure locale. « Les jours de sortie varient actuellement d'un pays à l'autre, entraînant de la frustration chez les consommateurs quand des fans vivant dans d'autres pays peuvent avoir accès à de nouveaux albums avant eux », expliquait alors l’organisation dans un communiqué.
À travers cette décision, l'objectif est multiple :
1/ faciliter la promotion des albums sur les réseaux sociaux des artistes ;
2/ Lutter contre le piratage ;
3/ Rendre le calcul des ventes en première semaine plus simple, les différents classements, type le Billboard, prenant en compte les chiffres du vendredi au jeudi ;
4/ Permettre un positionnement plus facile sur les plateformes en ligne, ce qui n'a rien de négligeable quand on sait que ces dernières mettent à jour leurs playlists juste avant le week-end.
Malgré tout, cette harmonisation ne constitue pas une obligation légale : les artistes et les labels ont donc la possibilité de sortir leur projet un autre jour de la semaine s'ils le souhaitent. Et, clairement, cette option est à prendre en compte. Le streaming a explosé, les abonnements également (passant de 3 Millions en 2015 à 8,7 millions en 2020), et cela a tout changé, comme l’indiquait le SNEP (Syndicat national de l’édition phonographique) dans son rapport de 2020 : « Le streaming sous toutes ses formes, engendre désormais à lui seul près de 70% des résultats : c’est une configuration inverse de celle de 2013, lorsque le numérique en réalisait à peine plus de 25% ». En clair : le public est constamment présent sur les plateformes, autant l'abreuver de sons dès que possible.
Aujourd'hui, il y a donc de moins en moins de raisons de sortir un projet le vendredi. Damso, dont la sortie de « QALF Infinity » a été actée un mercredi soir, l'a bien compris, quand bien même cela risque de lui couter sa place dans le classement hebdomadaire du SNEP, qui comptabilise les ventes du vendredi au vendredi. Qu'importe : dès sa mise en ligne, l'album a malgré tout été streamé en masse et analysé par de nombreux médias.
Si cette infidélité au calendrier traditionnel a finalement moins d'intérêt pour les gros vendeurs, qui trouveront quoiqu'il arrive un écho à leurs albums, elle pourrait à l'inverse se révélait essentielle pour les artistes en développement. Pour éviter l'embouteillage du vendredi et pour s'extraire de la tyrannie des sorties, incitant les plateformes à faire confiance aux algorithmes et à pousser bien souvent les mêmes noms au sein de leurs différentes playlists. À méditer.