La crise économique est-elle en train de tuer le "retour du vinyle" ?

Depuis 2007, les chiffres des ventes de vinyles dans le monde n’ont cessé d’augmenter. Mais la tendance pour 2023 est moins bonne en raison des difficultés de production qui entraînent de longues semaines d'attente et une hausse des prix.
  • « Meilleures ventes depuis 1991 » ; « le chiffre d’affaires des vinyles dépasse celui du CD » ; « le retour en force du vinyle ». Depuis plusieurs années maintenant — au moins depuis 2007 — le 33 tours tourne à nouveau sur les platines et les chiffres de ventes, que ce soit aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou encore en France ont affiché des croissances folles, souvent à deux chiffres. Par exemple en 2020 aux USA, les ventes ont grimpé de 46% sur l’année, comme le rapporte Billboard. Ce chiffre est passé à 51% en 2021.

    Mais pour 2022, c’est la douche froide : la croissance s’élèverait selon cabinet Luminate à 4,2%. On passerait à moins de 1% en enlevant les deux plus gros cartons de l’année, à savoir Taylor Swift et Harry Styles. Même son de cloche en Grande-Bretagne où les chiffres passent de 23,2% à 2,9% (d’après la British Phonographic Industry). En résumé, les gens continuent d’acheter des vinyles (43 millions de galettes écoulées au total aux États-Unis) mais la croissance s’est essoufflée. Ceci étant dit, ce format représente toujours aux USA 43% des ventes physiques. Le vinyle perd de la vitesse mais reste un poids lourd. 

    La fin de cette croissance folle, notamment celle observée durant la pandémie, est selon certains experts interrogés par Billboard une bonne chose. « c’est un retour à la normale qui arrive à pic, estime Terry Cole, fondateur du label Colemine Records. C’est plus sain : cette industrie n’est pas faite pour absorber une telle croissance ».

    En effet, les usines de production n’étaient pas préparées aux chiffres de ventes de 2020 et 2021 et la forte demande a engendré des embouteillages dans les usines qui sont depuis saturées de commandes. Les prix des matières premières (carton, pétrole, etc.) ont augmenté et ces hausses se sont répercutées sur le prix final des vinyles — sans oublier les taxes d’importation en Europe sur les vinyles américains ou britanniques. Des tarifs élevés, aussi bien sur les nouveautés que sur le back-catalogue, et qui ont dû dissuader certains acheteurs, surtout dans un contexte social où l’inflation pèse lourd sur le porte-monnaie. Ajoutez à cela une « fin » de pandémie et le retour à la vie d’avant — concert, cinéma, voyage, restaurant, etc — et vous aurez une idée de pourquoi le vinyle n’est plus en pleine bourre. De toute évidence, il fallait bien un début de fin à ce come-back inespéré. 

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