2022 M01 12
Le merveilleux monde de la musique est rempli de nerds, de collectionneurs compulsifs d’objets multiples. Stephen Morris est de ceux-là. Comme nombre de ses collègues, il achète des tonnes de synthétiseurs, bien au-delà du nécessaire. Sans réelle surprise, il possède également de nombreux objets venus de films et séries de science-fiction, en particulier la série Dr. Who. Mais il faut croire que tout cela ne suffisait pas, puisqu’à partir des années 90, il s’est lancé dans une autre collection, encore plus encombrante que les autres : les véhicules blindés démilitarisés.
Stephen Morris and his top tank: pic.twitter.com/RH3rG23Bsi
— we love all that (@weloveallthat) January 4, 2015
Le projet était au départ tout autre, comme il le raconte au magazine Tsugi : « J’ai connu une sorte de crise de la quarantaine. J’ai ressenti le besoin urgent de m’offrir une belle voiture. » Il avise ainsi une vieille voiture de collection, et s’apprête à l’acheter. Mais sa femme, la claviériste et co-fondatrice de New Order Gillian Gilbert, n’aime pas le modèle. Morris renonce, et cherche ailleurs. C’est alors que, quelques jours plus tard, le couple passe à côté d’un garage de Manchester, dans lequel est garé un... char. « J’ai pilé net et traîné Gillian pour regarder », poursuit-il. Et, contre toute attente, la musicienne est cette fois bien plus encourageante. L’achat se fait immédiatement, et pour 4000 livres, voilà Stephen Morris propriétaire d’un Abbot FV433. « Un très bon investissement comparé à L'Hacienda » s’amuse-t-il dans une vidéo du site The Quietus, en référence au mythique club fondé par les membres de New Order à Manchester dans les années 80.
Depuis, ce sont trois autres véhicules qui ont rejoint son immense garage : un FV434, un Samson CVRT, et un Fevet Mark IV, sa pièce maîtresse, dit-il (on le croit sur parole). Enfant déjà, il faisait partie de ceux qui construisaient des maquettes de véhicules militaires. S’il préférait les avions, les tanks attisaient néanmoins sa curiosité. « C’est comme les daleks de Dr. Who : c’est imposant » raconte-t-il au site Electronic Beats. « Je me suis toujours demandé ce qu’il y avait à l’intérieur, et je peux maintenant vous dire que ce n’est pas très agréable » poursuit-il, bien conscient de l’étrangeté de son hobby.
Car Morris roule régulièrement sur les chemins de la campagne anglaise avec ses véhicules atypiques. À la grande surprise des passants. « C’est comme les montagnes russes, excitant et terrifiant » avoue-t-il : la visibilité est faible, le confort inexistant et le danger permanent. « C’est pour l’adrénaline, mais une adrénaline lente, parce qu’ils n’ont vraiment pas vite. »
Hi Tim, no this is me today.Just off for a drive pic.twitter.com/5TethlYWb6
— stephen morris (@stephenpdmorris) September 9, 2020
Encore faut-il que ses machines roulent. « Je passe 90 % de mon temps à les réparer et 10 % à les conduire ». Pour le musicien, cette collection n’est pas si éloignée des synthétiseurs qu’il entasse dans sa maison. Dans tous les cas, « quand ils cassent, c’est au pire moment, et il y a souvent de la fumée et des flammes ». Et surtout, la folie est la même, comme il l’avoue lui-même à The Quietus : « logiquement, on n’a pas besoin d’un autre synthé. Et logiquement, on n’a pas besoin de char. C’est complètement illogique ». Mais on sait bien qu’avec la passion, il n’est jamais question de logique.