2017 M09 15
Menace d’État. C’est un plan si court qu’il a longtemps paru anecdotique. On est à 1’05 dans le clip de Sleep Now In The Fire et Rage Against The Machine en indique brièvement l’objectif : éveiller les consciences, inscrire son propos dans l’actualité et mettre en garde la population américaine (voire mondiale) contre la menace qui pointe. Cette menace a un nom : Donald Trump, symbolisé ici par un homme brandissant une pancarte « Donald Trump For President ».
Brûlons la bourse. La démarche n’a pourtant rien de visionnaire. À cette époque, l’actuel président des États-Unis est en effet candidat à la primaire du parti républicain pour l’élection présidentielle de 2000. Ce qui n’enlève rien à la puissance politique de ce clip, tourné par le réalisateur Michael Moore autour de Wall Street, en face du Federal Hall, pendant que Zack De La Rocha et sa bande protestaient contre le monde de la finance lors d’un concert explosif, obligeant la bourse de New York à fermer ses portes pendant deux heures – ce qui n’était plus arrivé depuis 1929….
« Avec Prophets Of Rage, on pense au-delà de Trump, parce que le mal est bien plus profond.«
L’insurrection qui vient. Dix-huit ans plus tard, Rage Against The Machine n’a rien perdu de sa rage et de sa volonté de cracher à la gueule des puissants. Avec ses douze titres à écouter comme de petites bombes insurrectionnelles, le premier album éponyme de Prophets Of Rage — le super-groupe monté par Tom Morello, Tim Commerford, Brad Wilk et différents membres de Public Enemy (DJ Lord et Chuck D) et Cypress Hill (B-Real) — est là pour en témoigner. Mais il y a aussi ces propos tenus récemment par Chuck D à Noisey : « Avec Prophets Of Rage, on pense au-delà de Trump, parce que le mal est bien plus profond que ça, ça dépasse la personne. On a un morceau Hail To The Chief qui parle de tout ça, on pourrait croire que c’est centré sur Donald Trump, mais l’idée c’est plutôt de parler de la soumission ; le plus grand accomplissement dans une vie, c’est de couper sa propre laisse. »