2023 M04 26
Il y a toujours eu des effets de mode en Angleterre. Mais parfois - souvent - le soufflé retombe aussi vite après (Palma Violets, Tribes, Peace, Drenge, etc.). Heureusement, tous les groupes ne sont pas des fausses promesses, et le récent succès de Wet Leg, inattendu, a remis les sceptiques des premières heures à leur place.
Cette année, un groupe déjà bien porté par la presse dans son pays devrait électriser la scène britannique : The Last Dinner Party, qui vient de sortir son premier single intitulé Nothing Matters. Un morceau qui renvoie à la discothèque de ton père - voire de ton grand-père -, qui discute aussi bien avec les Sparks et Kate Bush qu’avec Dire Straits, et qui annonce l’arrivée officielle du groupe dans le monde de la musique. D’ailleurs, un album a été enregistré auprès de James Ford (producteur d'Arctic Monkeys, Gorillaz ou encore Foals), et cet objet pourrait bien sortir d'ici la fin de l’année.
En attendant, le groupe mené par Abigail Morris va continuer ce qu’il fait de mieux depuis ses débuts : jouer live. Car la formation ne s’est pas fait connaître en postant des réels sur Instagram ou en devenant viral sur TikTok. Non, The Last Dinner Party la joue à l’ancienne, ne devant sa réputation qu'à force d’arpenter les petites scènes des salles londoniennes - genre Moth Club, The Windmill ou le XOYO. Un dévouement qui a fini par payer : en juillet 2022 elles ont fait la première partie des Rolling Stones à Hyde Park, moins d’un an après un premier concert en novembre 2021.
Mais les vieilles pierres qui roulent ne sont pas les seuls à être fans : Florence & The Machine, Nick Cave ou encore First Aid Kit ont embarqué (ou embarqueront) cette année le groupe sur scène avec eux. Car, en live, les Anglaises parviennent à mettre tout le monde d’accord avec un show déjà bien rodé et un côté théâtral qui semble faire son effet. « Nous voulions que les concerts soient au centre de notre propos plutôt qu'une ou deux chansons que nous aurions publiées sur Spotify », explique Abigail Morris à Dork. Un pari risqué, surtout à l’ère du tout digital, mais qui porte ses fruits.
À l’instar de Walt Disco ou HMLTD, The Last Dinner Party est aussi bien un groupe qu’un collectif artistique. En gros : elles ne veulent pas être « un simple groupe de rock », mais comptent bien pousser un peu les vieilles barrières poussiéreuses pour apporter leur style, leur fraîcheur et leur vision de ce que doit être la musique en 2023. Abigail : « Il y a des groupes qui deviennent de plus en plus cinématographiques. Le truc post-punk où un gars fait du parlé-chanté sur des guitares semble s'estomper. J'ai l'impression qu’on entre dans une ère maximaliste ».
C’est pourquoi certains morceaux ont des airs de Pink Floyd, d’autres de Nine Inch Nails, tandis que les derniers titillent Kate Bush ou Queen. C’est pourquoi les filles s’habillent comme si elles étaient dans un roman qui se déroulerait au 19ème siècle tout en mélangeant le glam rock et l’univers gothique. C'est pourquoi elles chantent « I will fuck you, like nothing matters » sur Nothing Matters sans chercher à trouver une autre formule plus « polie » ou « conventionnelle » afin de conquérir les radios. Et c'est pourquoi The Last Dinner Party pourra vite devenir votre prochain groupe préféré.