2021 M05 10
« Transpirante, bruyante et fraîche. » C’est avec ces trois mots que le trio Grandmas House décrit sa propre musique. Si ce trio féminin basé à Bristol n’a sorti que quatre titres pour le moment, ils réalisent parfaitement ce programme. L’énergie y est brute, parfois menaçante. Certes, ces filles ne réinventent pas la roue, et la production reste encore très sommaire. Mais elles compensent avec beaucoup de charisme, en particulier grâce au timbre rocailleux de la guitariste Yasmin Berndt.
Plus encore, pour un groupe encore débutant, le songwriting est déjà très bien assuré. En particulier sur Always Happy, face A d’un single deux titres paru sur cassette (elle aussi en plein revival) en mars dernier. Les paroles, tout en ironie et sarcasme, traitent d’anxiété sociale, aboutissant à un hymne capable de fédérer tous les timides et paumés. Bref, tout ce que doit faire le punk. Quant à No Place Like Home, paru en octobre dernier, il évoque la perte de repères d’une Angleterre post-Brexit. Spontanés et inventifs, les morceaux de Grandmas House sont particulièrement taillés pour la scène.
Car c’est bien là que le groupe s’est fait la main. Après s’être rencontrées à la fac londonienne, Yasmin, Poppy et Zoé ont monté le groupe à Bristol fin 2018. « On voyait comment les choses devenaient merdiques. Et on voulait crier tout ça » se rappelle la guitariste. Elles écument alors les nombreuses salles de Bristol, qui accueillent déjà une scène post-punk vivace. Si Idles sert de locomotive, on peut également compter sur Heavy Lungs, LICE ou Repo Man, et bien d’autres. Les filles de Grandmas House citent également les irlandais de Fontaines D.C. comme influence, mais aussi des groupes féminins. En particulier les londoniennes de Nova Twins et Big Joanie, ainsi que des figures historiques telles les Slits, Joan Jett ou L7.
Cette approche féministe, et même queer, est centrale dans l’énergie du groupe. Pour Poppy, la batteuse : « On était frustrées par le manque de représentation, particulièrement dans le punk, et on a voulu changer ça. » Dans une interview pour le site The Music Flow, le groupe se souvient notamment d’un concert auprès d’une audience entièrement féminine. « On a pleuré à la fin. Mais ça ne devrait pas être un événement si exceptionnel. » Car si la scène post-punk de Bristol est en ébullition, les mouvements féministes et LGBTQ le sont tout autant, renforçant d’autant plus Grandmas House.
Après son single du mois de mars, le groupe enregistre en ce moment son premier EP, à paraître dans l’année. Mais elles n’attendent qu’une chose : pouvoir reprendre les concerts, avec une intensité redoublée par le manque. Dans un contexte comme le notre, on peut dire que le punk a de beaux jours devant lui.