C'est un fait : les femmes sont derrière les meilleurs albums électro de la rentrée

S'il fallait poser un constat sur les albums à paraître ces prochaines semaines, ce serait celui-ci : la scène électronique est en grande forme, extrêmement diverse et portée par des femmes aux idées larges. La preuve par cinq.
  • Romy - « Mid Air »

    Comment écrire sur Romy alors qu'elle le fait déjà très bien, dans chacun de ses textes ? Tout simplement en précisant que la personnalité de l'Anglaise est bien plus complexe et nuancée que n'auraient pu le laisser penser les premiers albums de The XX en 2009. Terminées les complaintes minimalistes, Romy a réécouté ses classiques personnels (Missing d'Everything But The Girl, Around The World des Daft Punk, « Confessions On A Dancefloor » de Madonna), s’est acoquiné avec Fred Again…, et s’adonne désormais à des tubes pop entièrement tournés vers l'hédonisme.

    Il y a toujours, bien sûr, ces réflexions qui plombent le moral, ces divagations sur l’amour, notamment lesbien, mais tout cela est brillamment contrebalancé par des productions taillées pour le dancefloor, qui fantasment les soirées d'Ibiza et l'adolescence éternelle - cette époque où Romy découvrait son homosexualité et passait ses nuits au Ghetto, un club gay de Londres. Comme quoi, « Mid Air » est un premier album en gestation depuis pas mal d’années.

    Sortie le 8 septembre.

    Deena Abdelwahed - « Jbal Rrsas »

    Autant le dire : les projets de Deena Abdelwahed ne ressemblent en rien à des oreillers tout doux dans lesquels on peloterait nos sentiments les plus intimes. Ce sont des disques puissants, offensifs, presque colériques par instants. C'était déjà le cas avec « Khonnar », ce premier album publié en 2018 ; ça l'est de nouveau avec « Jbal Rrsas », où la Tunisienne dit vouloir réimaginer ce que pourrait être la musique club, s'inspirant pour chacun de ses 7 nouveaux titres des motifs rythmiques de différents genres musicaux populaires en Afrique du Nord : le fazzani tunisien, le chaâbi algérien et marocain, le dabke libanais ou encore le mahraganat égyptien.

    Parfois, Deena Abdelwahed s’autorise même à chanter (Complain, par exemple), sans pour autant chercher à atténuer la nervosité de ses mélodies, dans lesquelles on plonge brutalement, sans réticences, ni restrictions.

    Sortie le 8 septembre.

    Róisín Murphy - « Hit Parade »

    Déjà impliqué dans les dernières sorties de Jayda G, Nabiha Iqbal et Young Fathers, Ninja Tune continue son run incroyable avec « Hit Parade », le nouvel album de Róisín Murphy, étiré sur près d’une heure et fruit d’une longue collaboration avec DJ Koze. Pluriels, addictifs, doucement psychédéliques par instants, tout en langueur érotique, les treize morceaux réunis ici n'ont certes pas une structure traditionnelle (le formidable You New, par exemple, dépasse les sept minutes), mais ils n'ont rien de difficiles.

    Ils sont simplement redevables au cerveau agité de l’Irlandaise, cette artiste qui, depuis près de trois décennies, avec Moloko ou en solo, ne cesse de remuer nos certitudes, et de s’ouvrir perpétuellement à de nouvelles sonorités (house, funk, jazz) avec l’enthousiasme d’une gamine qui rassemblerait tous ses jouets.

    Sortie le 8 septembre.

    Sofia Kourtesis - « Madres »

    Également hébergé sur Ninja Tune, « Madres » dévoile toutefois de toutes autres ambitions. Ici, il est également question d’amour, mais surtout de lutte, de peur, d’espoir et, finalement, de miracle. Ce deuxième album, c’est en effet l’histoire de sa mère et de son neurochirurgien, qui a réussi à prolonger la vie de cette dernière au-delà de ce que les pronostics médicaux prédisaient.
    Forcément intime, profondément basé sur l’émotion, « Madres », n’en oublie pas pour autant l’essentiel : c’est une œuvre épaisse, de A à Z, qui montre sa capacité à la cohérence jusque dans chaque couche de son, mais il s’agit surtout ici d’un album de house, subtil et hybride (« Mon cœur est très latino-américain, mais mon cœur est allemand », dit-elle), qui invite à pousser la porte d'un club et à danser avec Sofia Kourtesis jusqu'à l'aurore.

    Sortie le 27 octobre.

    Marina Herlop - « Nekkuja »

    Le même jour que « Madres » de Sofia Kourtesis sort « Nekkuja », le quatrième long-format de de Marina Herlop, un disque ouvertement moins dansant, plus doux. Plus expérimental également. C'est que la Catalane est de ces artistes persuadées que la création réside dans le fait de troubler un ordre de pensée, nécessite de perturber des habitudes. D'où ce « Nekkuja », qui allie acoustique et électronique, mélancolie et voix angélique, piano et arrangements orchestraux. En clair, Marina Herlop fait tout pour occuper une place longtemps dévolue à Björk : celle d’une grande compositrice et interprète capable de pouvoir tout jouer.

    Sortie le 27 octobre.

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