2022 M01 12
À la voix, aux sonorités des guitares, proches des énergumènes de l’indie pop (Kurt Vile, Mazzy Star, This Mortal Coil, etc.), on pourrait croire que King Hannah est un pur produit de l’américana. Mais Hannah Merrick (chant, guitare) et Craig Whittle (guitare) sont originaires de Grande-Bretagne. L’histoire de leur rencontre se divise en deux temps, comme le raconte le site Stereogum.
La première est furtive : Craig participe à un open-mic dans un bar près de l’université où Hannah étudie. Elle aime ce qu’elle entend, mais les deux ne se rencontrent pas ce soir-là. La seconde se déroule deux ans plus tard, en 2017. Hannah travaille alors dans un pub, et doit former un nouvel employé à dresser les tables en salle. Ce nouveau salarié, c’est Craig. Hannah le reconnaît et ensemble, ils débutent une histoire d’amour musicale qui prend réellement forme quand King Hannah sort son premier single, Crème Brûlée. Une première chanson qui pose les fondations du style presque amorphe du duo : des longues notes de guitares épurées, une guitare acoustique délicate en fond, et chant qui sent le whisky et la cigarette à plein nez, à la fois paresseux, intense et langoureux, capable d’évoquer en l’espace de quelques secondes les plaines du Montana ou les films de David Lynch.
Crème Brûlée, avec son solo à la Kurt Vile, sort en 2020 sur le premier EP de King Hannah « Tell Me Your Mind And I’ll Tell You Mine ». Un disque sur lequel Hannah laisse libre cours à ses pensées, et écrit sur des sujets aussi quelconques que de trouver des araignées dans sa baignoire (Meal Deal) de son envie d’avoir un plus grand jardin et de vivre à Paris (Bill Tench) ou d’un film avec Adam Sandler qu’elle a vu au cinéma (The Sea Has Stretch Mark).
Là ou King Hannah est doué, et où le duo parvient à faire des merveilles, c’est quand ils arrivent à rendre ces sujets captivants. Mi-sorcière mi-chanteuse, Hannah possède absolument tout pour vous hanter, vous faire mordre les lèvres, vous foutre la trouille et vous donner envie d’acheter un billet de train côté fenêtre pour contempler le paysage durant des heures entières. Alors oui, comme évoqué plus haut, Portishead ou encore Mazzy Star semblent être des influences directes de King Hannah. Mais le duo anglais s’affranchit aussi des disques écoutés plus jeunes pour trouver l’inspiration dans la littérature, notamment Raymond Carver. Ils ont aussi repris State Trooper de Bruce Springsteen, issu de son album « Nebraska ».
King Hannah, à l’instar de groupe comme Widowspeak, incarne la force tranquille. Un rock suave, très cinématographique, capable d’envoûter l’intégralité du corps, des pieds à la tête. Une atmosphère qui peut sembler pesante, mais qui permet en fait de léviter, comme par magie. L’album « I’m Not Sorry, I Was Just Being Me » qui sortira le 25 février a été teasé avec l’hypnotisant All Being Fine, un titre sur lequel elle parle de mouiller son lit quand elle était gamine. Utiliser cette thématique pour le single de l’album, il faut quand même oser. Et King Hannah n’a visiblement peur de rien.
« I’m Not Sorry, I Was Just Being Me » est prévu pour le 25 février sur le label City Slang / Crédit photo : @Lucy Maclachlan pour City Slang