2021 M11 16
Ça commence avec une voix aiguë, très aiguë. Une mélodie à la Tame Impala en fond sonore. Puis au bout de 45 secondes, le groupe appuie sur l’accélérateur, et transforme ce début de chanson toute mignonne en hymne motorik, comme si les quatre Australiens avaient décidé d’injecter quelques doses de Krautrock à cette mixture sonique. La suite ? La chanson se barre à des années lumière de la terre ferme, fait un détours vers d’autres planètes pour atterrir six minutes plus tard quelque part où la musique rock rime encore avec excitation.
Cette description approximative est celle d’une chanson intitulée Where's My Brain??? de The Lazy Eyes, un quatuor australien qui a décidé de faire du neuf avec du vieux, et comme Tame Impala, de remettre le rock psyché au premier plan, en se moquant royalement du nombre de streams occasionné.
L’histoire de The Lazy Eyes débute au lycée. À l’âge de 15 ans, Harvey Geraghty (chant, guitare), Itay Shachar (chant guitare), Leon Karagic (basse) et Noah Martin (batterie) forment un groupe, et vont chercher dans la discographie du grand-père pour les influences. Cinq ans plus tard, en 2020, les quatre garçons pas encore dans le vent sortent un premier EP. S’il est prometteur, ce dernier est encore caché dans les jupes de Tame Impala (écoutez l’intro de The Seaside pour comprendre). Ceci étant dit, Cheesy Love Song offre une lueur d’espoir : The Lazy Eyes en a sous la pédale. Ne reste plus qu’à lâcher les chevaux. C’est en partie ce qui se passe sur le deuxième EP en 2021 (« EP2 »), où les Australiens parviennent à expérimenter un peu plus.
Même si le Kevin Parker des débuts n’est jamais loin, tout comme les Beatles (Nobody Taught Me) ou King Gizzard and The Lizard Wizard, The Lazy Eyes parvient miraculeusement à convaincre. Surtout avec le titre Where's My Brain???, véritable tube de cet EP. « Toutes les chansons qu'on sort et qu'on joue ont été écrites au lycée. C'est la première période de notre musique, et c'est au lycée qu'on s'est mis à la musique. Tame Impala et King Gizzard and The Lizard Wizard sont les groupes qui nous ont fait découvrir la musique. Il est donc inévitable que certaines de nos chansons soient influencées par ces formations. Mais on a grandi et on n'écoute plus les mêmes types de musiques maintenant » explique The Lazy Eyes dans cette interview.
Les jeunes rockeurs attirent les oreilles de plusieurs festivals, se mettent à faire des sessions et quelques interviews. On les surnomme mêmes les « nouveaux princes du rock psyché ». Un surnom et une petite hype qui permet au groupe de se faire repérer par les Strokes, qui ont embauché les jeunes rockeurs pour la première partie de leur tournée en Australie prévue pour 2022.
Avec du temps devant eux durant la Covid-19, le groupe, qui dit s’être pas mal inspiré d’albums comme « Bon Voyage » de Melody’s Echo Chamber ou encore « Yoshimi Battles The Pink Robots » des Flaming Lips, a mis en boîte un premier album intitulé « SongBook ». Un album qui devrait s’extirper des balbutiements adolescents des premiers EPs pour cotoyer d’autres sphères musicales. Le premier morceau issu de l’album s’intitule Fuzz Jam et débute par une ligne de basse imaginée par Leon Karagic (le bassiste) un jour où il se brossait les dents en faisant du beatboxing. Voilà pour la petite histoire. La grande, elle, devrait continuer de s’écrire avec « SongBook » en mars 2022.
L'album « SongBook » de The Lazy Eyes sortira en mars 2022. Plus d'infos par ici.