2022 M01 27
Tu te souviens de ton premier souvenir musical ?
Mon premier souvenir musical fort, c'est Alain Bashung. Mes parents l'écoutaient souvent à la maison. Je devais avoir 10 ou 11 ans et c'était l'album « Fantaisie militaire ». Je me souviens de La nuit je mens forcément, mais aussi de la chanson Aucun express. Et Bashung, c'est un peu la première voix que j'ai rencontrée, le premier style d'écriture qui m'a marquée. Je ne comprenais pas grand chose et ça me permettait de d'imaginer plein de choses. Quand j'étais petite, j'aimais écrire des petits poèmes pour leur son, et lui il jouait sur le son des mots. C'est devenu une madeleine de Proust, quand je réécoute cet album c'est un souvenir fort.
Après il y a en d'autres, Alain Souchon notamment. Le premier disque que j'ai découvert par moi-même, c'était « United » de Phoenix, avec la chanson If I Ever Feel Better. Donc Bashung ce n'est pas la personne qui m'a donné envie de faire des chansons, mais a posteriori, si j'aime autant jouer sur les mots, c'est peut-être parce que lui le faisait et que m'avait plu étant enfant.
Le premier groupe de rock que tu as kiffé ?
Le premier disque que j'achète, c'est un album de Noir Désir. Je devais là aussi avoir entre 10 et 12 ans, et je me dis que cet album était quand même un peu dark pour une enfant de 10 ans. À l'adolescence, j'étais bénévole dans une salle de concert de Mulhouse, au Noumatrouff, et j'ai découvert plein de petits groupes français qui tournaient, comme Déportivo par exemple. Après, j'ai pris une grosse claque à 15 ans sur le premier album des Arctic Monkeys. À ce moment-là, je ne me dis pas que je vais faire une carrière dans la musique. Pour moi, ce n'était pas envisageable. Quand on vient d'une petite ville, on se dit que cette vie-là est inaccessible.
Tu te souviens de ta première rencontre avec Baxter Dury ?
J'avais un premier partenaire professionnel qui s'appelle Warner Chapell à mes débuts et ils ont décidé d'envoyer mes démos à Baxter. Il a beaucoup aimé et la rencontre s'est faite de cette manière. Au début, il ne voulait pas produire mes chansons : il m'a invité à faire une résidence avec lui dans le sud de la France. C'était une opportunité pour jouer et écrire quelques chansons. On s'est retrouvés au Silencio à Aiglebrun, dans la maison d'Agnès Varda. À la fin de la semaine, il me dit que s'il produit mes chansons, il veut le faire avec des copains. De là, il me présente à Geoff Barrow (Portishead, Beak, etc.) et on part à Bristol pour enregistrer mes chansons. Geoff finit par jouer de la batterie sur trois morceaux. Moi, je n'étais jamais entrée dans un studio et c'était surréaliste de se retrouver à Bristol avec eux. Je connaissais un peu Geoff Barrow, notamment Portishead, mais moins ce qu'il faisait avec Beak par exemple. Moi, j'étais arrivée avec des références en tête, notamment des chansons d'une chanteuse qui s'appelle Anika, que j'avais découvert dans un film. Et je réalise sur place que c'étaient eux qui avaient produit son disque. Le bassiste présent avec nous, Billy Fuller, jouait sur son album.
La première fois qu'on t'a comparé à un ou une artiste, c'était qui ?
On me compare beaucoup à Françoise Hardy. C'est un immense compliment, et parfois, j'ai l'impression que c'est un peu par flemmardise. Je comprends pourquoi on fait des comparaisons, mais quand j'entends ou lis Françoise Hardy, je suis gênée. C'est trop.
Quand est-ce que tu découvres pour la première fois Françoise Sagan ?
Je la découvre vers 20 ans et les mots sont simples. Il y a une fascination pour les relations amoureuses, comme si elles les décortiquaient, et une façon d'en parler qui me plaît. J'ai compris qu'on pouvait parler des relations sans faire un truc niais. On peut les rendre importantes. C'est parfois cru, très frontal et simple, mais elle rend ces sujets plus sérieux.
Comment t'as abordé l'exercice du premier album ?
Je l'ai abordé avec beaucoup de sérieux. Comme pour l'EP, je me suis laissée guider par des rencontres. Je voulais aussi synthétiser et mélanger les inspirations, avec un son actuel mais sans faire quelque chose qui serait à la mode, et donc un peu éphémère. J'avais aussi envie d'explorer des contrastes, que les musiques viennent accentuer les émotions et les sentiments dont je parle dans les chansons. Pour chaque titre de l'album, j'avais fait des playlists d'inspiration et il y avait beaucoup de musiques de films. Il fallait que ce soit sensoriel, en trois dimensions, avec beaucoup de nuances.
Le premier album d'Alexia Gredy s'écoute juste ici
Crédits photos : @Virgile Guinard