Il y a 50 ans, Paul McCartney sortait son grand classique : "Band on the Run"

En 1970, George avait sorti « All Things Must Pass ». En 1971, John publiait son « Imagine ». Il fallait donc que Paul réagisse avec un disque à la hauteur de son talent et de sa popularité. Ca s’appelait « Band on the Run » et 50 ans plus tard, on n'en a toujours pas fait le tour. Le disque ressortira le 2 février 2024 en version augmentée.
  • À partir de 1973, Paul McCartney commence à trouver son rythme en tant qu’artiste solo après plus de dix années au sein des Beatles, officiellement séparés depuis le 10 avril 1970. Harrison et Lennon ont déjà pris leurs marques, mais Paul peine à convaincre — deux albums moyens et deux disques avec les Wings pas terribles non plus. Mais tout change en 1973. Déjà, on lui demande de composer le thème du nouveau James Bond — ça donne le titre Live and Let Die, une tuerie. Et puis 1973, c’est aussi l’année où McCartney décide enfin de s’affranchir de son passé pour devenir le musicien qu’il a envie d’être : plus badass, plus novateur et plus déterminé à réaliser le grand disque qu’il n’a pas pu enregistrer avec ses anciens camarades de classe.

    Pourtant, le timing n’est pas idéal : au moment de s’envoler pour Lagos au Nigeria en août 73 pour aller enregistrer de nouveaux morceaux, deux membres des Wings — le groupe formé par Paul — décident de quitter le sous-marin jaune. La raison : McCartney serait, en gros, un peu trop boring. Pas grave, les billets sont pris et le départ imminent. 

    Le groupe débarque cependant dans un pays qui sort d’une guerre — la guerre du Biafra — où la présence militaire est omniprésente et où les violences et le choléra font des morts par centaines. Cerise sur le gâteau : l’arrivée de Paul McCartney n’est pas appréciée. Le saxophoniste Fela Kuti mène une campagne contre lui en interdisant aux musiciens locaux de jouer avec « l’envahisseur blanc » venu pour s’approprier le groove nigérian.

    Ah oui : le groupe arrive aussi au moment des moussons dans un studio en chantier où les coupures d’électricité sont fréquentes. Et enfin, Paul et Linda se font braquer et voler leur argent ainsi que des maquettes de nouvelles chansons. Si Paul cherchait l’aventure, c'est réussi.

    En l’espace de trois semaines, les Wings — enfin Paul qui joue de tous les instruments et son guitariste Denny Laine — posent les fondations de « Band on the Run ». Puisque les cassettes qui contenaient les démos originales enregistrées avant le départ au Nigeria ont été volées, Paul et Denny ont du tout reprendre eux-mêmes en essayant de se remémorer les passages. « Paul se mettait à la batterie, je jouais de la guitare [...] puis nous ajoutions d’autres sons. Là encore, c’était une situation particulière, et l’album s’est entouré d’une tout autre atmosphère, les idées étaient complètement différentes, car maintenant nous n’étions plus que deux », a expliqué Denny lors d'une interview.

    Six morceaux sont enregistrés dans les studios de EMI et un titre est également mis en boîte dans le studio de Ginger Baker (ancien membre de Cream), qui vit là-bas. De retour à la maison, le groupe retourne en studio à Londres pour terminer l’album et engage Tony Visconti à la dernière minute pour les orchestrations. Le 30 novembre 1973, l’album est dans les bacs en Angleterre. 

    « Band on the Run » est l’expression d’un homme libre. Aussi bien dans les paroles — qui font référence aux voyous en cavale, à l’évasion et au fait de passer du bon temps - que dans la musique. Par exemple le morceau Band on the Run se divise en trois parties distinctes avec trois styles musicaux notables. Jet est un tube. Mrs Vandebilt est un macaron de pop sensible, Let Me Roll It donne des frissons rock et fait écho à John Lennon et No Words est une belle ballade qui rappelle les années Beatles.

    Certains diront que les Wings est le groupe que les Beatles auraient pu devenir s’ils ne s’étaient pas séparés. Mais « Band on the Run » est avant tout l’œuvre de Paul McCartney. Un disque composé sur le moment, loin du confort des studios anglais cosy et qui a donné à l'Anglais son premier gros succès en solo. La preuve : depuis sa sortie, le disque s’est vendu à plus de 8 millions d’exemplaires. Un chiffre qui devrait encore grossir avec la réédition du disque en février 2024 et remasterisé en Half Speed Master à partir des bandes analogiques d’origine à Abbey Road.

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