Oubliez Damso, ces 5 rappeurs veulent braquer l'avenir du rap belge

Alors que Caballero vient de sortir un EP apte à remettre la technique et la rime parfaite au centre des débats, d’autres rappeurs se tiennent prêts à prendre la relève. Certains sont déjà à un stade bien avancé, d’autres simplement dans les starting-blocks, mais tous sont bien déterminés à écrire le futur de la scène belge après Damso, Hamza ou Roméo Elvis.
  • Kobo

    Kobo a beau avoir le sentiment d’avoir fait du bon travail, nul doute que ses mots pour parler de son premier album, sorti en 2019, doivent être nourris de regrets. Parce que « Période d’essai », malgré son ambition, son savoir-faire mélodique et sa qualité d’écriture, n’a pas forcément touché le cœur du grand public. Parce que le Covid est probablement venu ralentir l’ascension du Bruxellois, ce dernier se contentant de publier un simple single ces deux dernières années (Barry White).

    La bonne nouvelle, c’est que Kobo n’a pas mis l’audace de côté. Mieux, il a profité de cette période de retrait pour peaufiner son style et expérimenter de nouvelles prods. En attendant le deuxième album (« Anagenèse », sortie le 29/04), c'est avec un single tout en puissance et en nervosité qu’il signe son grand retour : Fucked Up. L’énergie est rock, le propos nettement plus intime qu’on ne pourrait le penser, et l’on se dit que tous ces disques de Ruff Ryders n’ont finalement pas été écoutés en vain.

    Maka

    Producteur pour SCH, Booba ou Caballero & JeanJass, Ozhora Miyagi sait définir d’un coup d’œil les artistes qui frappent à sa porte : paresseux, insatisfaits, copieurs, poseurs n’entrent dans aucune de ses classifications. On serait donc curieux de savoir ce que le Belge a ressenti lors de sa première rencontre avec Maka, qu’il manage et produit. De l’enthousiasme, sans doute. De l'euphorie, probablement. Il faut dire que le rappeur liégeois a cette faculté à varier les registres : en six morceaux, « Sortez les couverts vol.1 », son premier véritable projet, passe ainsi d’un rap cru à des harmonies vocales, d’une énergie brute à des mélodies plus soignées, d’une vie profondément connectée à la rue à des morceaux plus introspectifs.

    En prime, Maka tient son morceau-étendard : Joujoux. Soit trois minutes et trente secondes de pur talent, avec ces atmosphères qui varient, ces multiples changements de flow et cette production qui a séduit jusqu’aux oreilles de Timbaland.

    Moji x Sboy

    On reste à Liège, mais on plonge cette fois dans des émotions nettement plus sensibles, presque torturées par instants. Ce qui n'a finalement rien d'étonnant quand on sait que les deux compères ont beaucoup écouté XXXTentacion, qu'ils se sont bousillés à l'emo-rap et qu'ils ne semblent jamais aussi à l'aise que dans un rap introspectif, parfois romantique, souvent impudique, mais toujours porté par des mélodies extrêmement riches. On tient pour preuve « Temps d'aime », leur première mixtape, où il est question des Larmes des étoiles, d'être Seul dans la night, de se sentir Condamné, quand le duo ne se lance tout simplement pas dans de drôles de réflexions (Si Vénus était mauve). Bref, des pensées et des sentiments tellement désordonnés que l'on n'est pas toujours certain de savoir ce que l'on est censé ressentir, mais cette incertitude est particulièrement jouissive. 

    13Mini

    Il aura suffi d'à peine trois minutes à 13Mini pour devenir un ami à qui l’on ne veut que du bien. C’est que Détours/À tort, aussi court soit-il, contient suffisamment de références (à Balavoine, à la pop, ne serait-ce qu’avec cette guitare acoustique pour dicter la cadence), de rimes noircies par le spleen et de gimmicks mélodiques accrocheurs pour emporter l'adhésion. Malin, le jeune rappeur belge a eu la bonne idée de renouveler l’exploit avec Petit con, son dernier single, publié en février dernier. On y retrouve ce qui semble faire l’essence de sa musique : des textes sensibles, un flow lancinant et un goût prononcé pour ces chansons que l’on envisage comme une version améliorée de la mélancolie.

    Green Montana

    Aux côtés de Geeeko, Bakari ou YG Pablo (qui auraient tout aussi bien pu figurer dans cet article), Green Montana, 28 ans, fait partie de ces artistes sur ce qui l'avenir de la scène belge semble reposer. Les millions de vues sont déjà là (Tout gâcher en cumule près de six millions), la page Wikipedia également, tandis que le milieu du rap reconnait déjà sa valeur (proche d'Isha, le Bruxellois est signé chez 92i, le label de Booba) et que les médias spécialisés attendent avec impatience la sortie de son deuxième album, « Nostalgia+ », prévue le 15 avril.

    Un long-format caractéristique de son style (ce flow chuchoté, cette écriture spontanée, ces morceaux relativement courts, ces productions chaloupées), sur lequel on retrouve deux featurings : Guy2Bezbar et SDM, autre signature du 92i avec qui Green Montana dit vouloir enregistrer un album commun. À croire que, oui, définitivement, le futur se prépare ici.

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