2023 M01 3
Risky, avec Ryuichi Sakamoto (1987)
Hormis le fait qu'il va tous nous enterrer, l'Iguane a réussi deux exploits au cours de sa longue carrière : se réinventer après l'arrêt des Stooges et ne pas devenir un bon élève tout juste bon à écouter les conseils de l'ami Bowie. Qu'importe l'influence de ce dernier sur son oeuvre, Iggy Pop a en effet continué de puiser son inspiration ailleurs, y compris au Japon, où l'un des pontes de la scène locale en fait l'interprète idéal de Risky. « I knew I coul never stay home», chante-t-il dès l'intro, comme un mantra, comme s'il s'agissait pour lui de clamer haut et fort son incapacité à rester en place.
Candy, avec Kate Pierson (1990)
« Je voulais une fille qui chanterait avec une voix de quelqu’un qui vient d’une petite ville, et la voix de Kate a un petit ton nasillard qui sonne un peu rural et naïf ». À l'évidence, Iggy Pop cherche surtout ici une artiste dont le timbre contrasterait avec son chant, rauque, dans le style crooner qui caractérise ses morceaux des années 1990. À l'évidence, Kate Pierson (B-52's) était la partenaire idéale : rappelons que Candy est l'un des rares singles placés par l'Américain au sein du Top 40.
Well Did You Evah !, avec Debbie Harry (1990)
La même année, Iggy Pop s'associe avec Debbie Harry le temps d'un morceau pour une compilation-hommage à Cole Porter, et c'est tout simplement une certaine généalogie du punk américain qui se dessine dans les trois minutes et vingt-cinq secondes de ce Well Did You Evah !.
In The Death Car, avec Goran Begovic (1992)
Envisager Iggy Pop collaborer avec le compositeur fétiche d'Emir Kusturica est a priori aussi improbable qu'un morceau de Bertrand Cantat et Vladimir Cosma (on schématise !). Pourtant, cette chanson existe : elle se nomme In The Death Car, elle a été pensée en 1992 pour les besoins d'Arizona Dream et s'appuie sur un clip où Iggy Pop présente son chat : Mookie Moo. Improbable, on vous dit.
My Love Is Bad, avec les Rita Mitsouko (1993)
Entre une pub SFR, une apparition dans Les gamins et un album douteux inspiré par les textes de Houellebecq (« Préliminaires »), l'ex-Stooges a toujours aimé la France. En 1993, il acte cette passion avec My Love Is Bad, assez maniéré dans l'interprétation (comme souvent chez les Rita Mitsouko) mais indéniablement porté par un rythme malin, une instrumentation intelligente (comme souvent chez les Rita Mitsouko).
Pain, avec Danger Mouse & Sparklehorse (2010)
Le dernier album d'un artiste qui s'apprête à se suicider peut-il être autre chose qu'une bande-son pour dépressifs ? En s'associant à Danger Mouse, le temps d'un « Dark Night Of The Soul » hautement mystique, Mark Linkous (Sparklehorse) a en tout cas défini des atmosphères lugubres, volontiers angoissantes, dont l'une d'elle convient parfaitement à la voix d'Iggy Pop, et dont la puissance et la gravité se synthétisent en un refrain aussi simple que parfait pour décrire les tourments de l'âme humaine : « Pain, pain, pain ».
Nothin But Time, avec Cat Power (2012)
On avait dit que l'on ne parlerait pas de Bowie, mais il faut croire qu'on a menti : Nothin But Time s'entend comme un évident clin d'oeil à la période berlinoise du Thin White Duke - une époque partagée en partie avec Iggy Pop. À croire que Cat Power savait exactement ce qu'elle souhaitait au moment d'inviter ce dernier à venir faire les chœurs sur cette longue complainte, étirée sur plus de dix minutes, en équilibre stable entre le spleen et la flamboyance. Au passage, il est toujours temps de remercier Philippe Zdar pour le mix.
Stray Dog, avec New Order (2015)
On sait à quel point Ian Curtis aimait les Stooges. On sait aussi qu'Iggy Pop tenait à reprendre Love Will Tear Us Apart, ce classique de Joy Division dont les paroles sont aujourd'hui tatouées sur des milliers de corps plus vraiment adolescents. Après avoir réalisé ce rêve aux côtés de New Order, en 2014, le mieux était donc de poursuivre la collaboration au sein d'un studio. Chose faite en 2015 avec Stray Dog, probablement l'un des derniers bons morceaux de la formation mancunienne.
Sunday, avec Josh Homme (2016)
Et si l'on devait au leader de QOTSA le retour d'Iggy Pop aux affaires rock ? Se poser la question, c'est déjà y répondre. Écouter « Post Pop Dépression », ce disque réalisé aux côtés de Josh Homme et Matt Helders, c'est en tout cas être certain que l'Américain n'a rien perdu de sa capacité à faire trembler les murs.
Reste maintenant à renouveler l'exercice avec « Every Loser » et six ans de plus au compteur. Par chance, Iggy Pop a réuni une nouvelle fois un sacré casting, composé entre autres de Chad Smith (Red Hot Chili Peppers), Travis Barker (Blink-182) et feu Taylor Hawkins (The Foo Fighters).
The Pure and the Damned, avec Oneothrix Point Never (2017)
Un an après You Want It Darker de Leonard Cohen, Iggy Pop donne lui aussi envie de ressortir les par-dessus noirs, d'arpenter les ténèbres et de se purger de toutes ses peines avec une voix d'outre-tombe comme bande-son. Pour cela, l'Iguane s'est acoquiné avec Oneothrix Point Never, persuadé d'avoir trouvé là le parfait compagnon de jeu pour mettre en son ses paroles qui transpirent l'amour et la mort, les remords et la rédemption.
À écouter aussi : Aisha avec Death In Vegas, Kick It avec Peaches ou encore Sahara avec Songhoy Blues.