Pile avant les élections, Kiddy Smile revient avec un grand titre contre la fachosphère

En 2002, les électeurs faisaient du “Fils de France” de Saez la bande-son anti-FN de l'entre-deux-tours. Vingt ans plus tard, c'est à Kiddy Smile de faire coup double avec un banger house (“Spread It”) et un clip ultra politisé : deux propositions qui invitent autant à brûler le dancefloor qu'à condamner la montée des extrêmes.
  • Il y a au moins deux manières de composer un morceau politique : en étant moralisateur ou en étant un peu plus malin, moins frontal et plus pop, aussi. C’est cette seconde approche que Kiddy Smile a choisi pour son retour, quatre années après « One Trick Pony ». Dans un clip réalisé par lui-même, selon une recherche esthétique et une radicalité évidentes, le Parisien envoie valser à grands coups de mouvements de hanches le racisme, l'homophobie et les violences policières : parmi les trois principaux fléaux d'une société au bord de l'implosion, plus que jamais en quête de nouveaux repères à l'approche des élections présidentielles.

    Autant dire que le timing de Spread It est bon, qu'il n'a rien d'anodin et qu'il promet un nouvel EP (« Paris' Burning vol.1 », à paraître en juin) aussi fiévreux que nécessaire.

    Depuis la sortie de « One Trick Pony » en 2018, Kiddy Smile n'a pas chomé : si sa prestation à l'Élysée flanqué d'un T-shirt « moi fils d’immigrés noir pédé » a provoqué un arrêt cardiaque chez les nostalgiques du régime de Vichy, le DJ/danseur/producteur a également marqué les esprits dans Climax, le film de Gaspar Noé, ou sur Que du love aux côtés d'Angèle. Prochainement, il sera même juge principal dans Drag Race France, l’adaptation française de la franchise télé-réalité américaine RuPaul's Drag Race.

    Pour l'heure, il vient secouer le printemps politique avec un morceau/clip tout en contrastes : entre l'urgence de son propos et la dimension festive de sa mélodie, entre la brutalité des images et la puissance de ce banger house, hérité de la French Touch, entre la gravité de ce clip, tourné dans un entrepôt désinfecté, et l’efficacité de ce rythme, infirmant l'idée manichéenne selon laquelle danser et s’engager politiquement sont deux activités opposées.

    Crédits photo : Romain Guittet.

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