2022 M04 8
Cette explosion là, personne ne l'a vu venir. Jeudi 7 avril, à la surprise générale, deux des membres survivants de Pink Floyd (un groupe formé voilà 60 ans, en pleine guerre froide) annoncent leur retour. Pas pour un nouvel album (le dernier officiellement sorti étant "The Endless River", en 2014), mais une chanson, une seule, qui a déjà été écoutée par plus d'un million de personnes quelques heures après sa sortie.
Peut-on parler d'événement ? Assurément. Car personne, après la sortie de "The Division Bell" en 1994, n'aurait misé sur cette annonce. Ni Syd Barrett (mort en 2006) ni Rick Wright (mort deux ans plus tard) ni évidemment Waters ne sont là, mais qu'importe, c'est pour la bonne cause : il aura effectivement fallu que Poutine tente d'envahir l'Ukraine pour que David Gilmour et Nick Mason se décident à ressortir les instruments. Pas tout seuls, cela dit, puisqu'ils sont accompagnés au micro par Andriy Khlyvnyuk, du groupe ukrainien Boombox, en tournée américaine au moment où la guerre fut déclarée. Le chanteur décida alors de rentrer au pays pour le défendre, comme des millions d'Ukrainiens. Et c'est à Kiev, désertée par les habitants, qu'il se filma voilà 6 semaines en train de chanter a cappella. La vidéo, postée sur Instagram, arriva aux oreilles de Gilmour. Et la suite, c'est donc le titre Hey, Hey, Rise Up, enregistré à distance par les Anglais avec la voix d'Andriy Khlyvnyuk, blessé par un tir de mortier et immobilisé temporairement à Kiev.
Musicalement, on est évidemment loin du Pink Floyd des débuts, loin des envolée psyché d'Astronomy Domine ou du brûlot politique de "The Wall", mais la vérité, comme disait l'autre, est ailleurs. En opérant un come back médiatique de cette envergure, Pink Floyd (ou disons les 50% de Pink Floyd) souhaite avant tout mettre en lumière le courage des Ukrainiens et des musiciens qui ont choisi de s'engager contre l'envahisseur. Tous les bénéfices liés au titre, d'ailleurs, seront reversés aux organisations humanitaires, à l'image du visuel composé pour l'occasion (un tournesol, emblème de l'Ukraine). En soutien au pays, Pink Floyd avait déjà retiré l'intégralité de son catalogue depuis 1987 des plateformes de streaming en Russie et en Biélorussie.
Quant au futur du groupe, il est évidemment derrière lui depuis la "seconde fin" de Pink Floyd en 2014; la première datant du départ de Roger Waters en 1985. Ce dernier, toujours prêt à shooter ses anciens amis sur son compte Twitter, n'a pour l'instant pas réagi à la reformation du groupe qu'il avait co-fondé en 1967. Il faut croire qu'en temps de guerre, l'heure est à l'apaisement.