2021 M03 30
Le Bureau Export (aujourd’hui rattaché au Centre National de la Musique) a publié le 12 mars les certifications internationales obtenues par des artistes français. Cette année, 65 musiciens sont concernés. Aya Nakamura et Lous & The Yakuzas sont en plein boum, Christine & The Queens confirme son statut international, et des musiciens comme Kid Francescoli et Caravan Palace continuent de bien s’exporter sans particulièrement briller dans leur pays d’origine. Le rap francophone, quant à lui, se taille une part toujours plus grande, notamment avec 13’Organisé, Jul, Heuss L’Enfoiré ou Gradur.
Ce qui ne bouge pas, c’est l’exportation massive d’artistes électro : Polo & Pan, Petit Biscuit, M83, et d’autres encore. Mais en tête des ventes, il y en a un qui ne bouge pas : David Guetta. Son titre Better When You’re Gone, sorti le 8 février 2019, est le titre français le plus streamé hors de France, avec plus de 218 millions d'écoutes. Il devance ainsi la version de Djadja en duo avec Maluma, et Que Calor de Major Lazer, groupe qui n’a de français que son label, Because Music. On retrouve également le DJ roi d'Ibiza à trois autres reprises dans ce classement, avec une certification diamant pour son titre avec Sia Let’s Love, platine pour Make It To Heaven, et or pour Kill Me Slow.
Tout ceci ne fait que confirmer une tendance vieille de plusieurs années. En 2019, ce sont 9 de ses nouveaux titres qui avaient obtenu une certification, et la situation dure depuis la fin des années 2000. Mais le plus impressionnant reste le nombre de certifications obtenues pour ses anciens titres (appelé « back catalogue » par le CNM). Parmi les 20 titres antérieurs à 2019 les plus streamés hors de France en 2020, 14 sont signés David Guetta. Si l'on cumule les streams de chacun d’entre eux, on dépasse les dix milliards, dont 1,5 milliards pour son Hey Mama de 2015, qui cumule ainsi 31 certifications diamant.
On parle ici de nouveaux seuils de certification atteints : tous les streams chiffrés ici n’ont pas été faits en 2020 uniquement. Mais il n’empêche, ces titres sont toujours streamés massivement, parfois plus de dix ans après la sortie (comme Sexy Bitch, sorti en 2009). Des classiques des dancefloor EDM, en quelque sorte. Une longévité récompensée par le magazine DJ Mag, qui l’a dernièrement placé en tête de son classement annuel des DJ (positions qu’il n’avait plus occupée depuis 2011).
Certes, tout cela ne dit rien de la qualité de l’artiste : on ne juge pas ici la contribution de David Guetta à l’histoire de la musique. Au fond, il est avant tout un entertainer, principalement voué à faire danser son audience. Et ces classements montrent bien qu’il en bon dans ce domaine. Rester si longtemps à un si haut niveau de ventes n’a rien d’évident. Malin, Guetta a toujours su s’intégrer au goût public, mariant hier sa house avec la pop vocale, aujourd’hui avec le rap. Sans aucune peur du mauvais goût : il faut être direct.
Discipline, gestion de carrière comme on gèrerait un entreprise, attention aux nouveaux genres et artistes, le tout en gardant assez de fraîcheur, l’équilibre est difficile à trouver. Guetta y est parvenu, devenant la poule aux œufs d’or de Warner, son distributeur. Une performance d’autant plus impressionnante pour un musicien de 53 ans, dans un univers où la jeunesse est toute puissante. Au point qu’il faut prendre conscience d’une chose : lorsqu’un jeune Américain entend "French touch", il y a de fortes chances qu’il pense David Guetta avant Daft Punk.