50 ans après "What’s Going On", un album inédit de Marvin Gaye en écoute

Perdues au fond d'un carton ou planquées sous le bureau d'un patron de label amnésique, les sessions de "Funky Nation" ressortent comme par enchantement un demi-siècle après avoir été enregistrées. Et c'est un délice de funk à faire couler au fond de la gorge, dès maintenant.
  • À tort ou à raison, l'image post mortem de Marvin Gaye restera à jamais associée à "What’s Going On", l'album culte de 1971 signé chez Tamla Motown et qui s'écoulera à 2 millions d'exemplaires en un an à peine. Malgré le message d'amour et d'espoir livré par paquet de douze sur ce onzième album du musicien, Gaye n'est pas très en forme. On pourrait même dire qu'il est complètement paumé. 

    La mort de sa partenaire Tammi Terrell en 1970 (cancer du cerveau) l'a plongé dans un burn out. Gaye refuse de sortir le moindre album, de faire des concerts et tente même, un temps, de se reconvertir dans le football américain. Autant de pétages de plombs qui expliquent sans doute pourquoi l'album à écouter ci-dessous est longtemps resté planqué sur un disque dur. 

    "Funky Nation: The Detroit Instrumentals" est, comme son nom l'indique, un recueil instrumental de 14 titres délirants avec un solide backing band jammant comme les démons de Satan. À la batterie, Hamilton Bohannon, aux guitares, Ray Parker Jr., Wah Wah Watson, à la basse, Michael Henderson. Ensemble, ils déroulent du câble et ça groove sévère. Gaye refuse de chanter - exception faite du premier titre pour présenter le menu. Et quel menu ! Certainement pas pensé pour finir comme un album 50 ans plus tard, ces sessions ressortent aujourd'hui pour fêter les 50 ans de "What’s Going On" (en mai prochain) et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on a connu pire cadeau. Alors que l'album susnommé est lui-même réédité ces jours-ci (en écoute ci-dessous), on ne saurait que trop vous conseiller de tirer les rideaux pour allumer une bougie et plonger plutôt dans "Funky Nation", énième preuve que l'école Motown a souvent été copiée, mais jamais dépassée.

    Après ça, comme on dit, on peut mourir tranquille. Tout l'inverse de Marvin Gaye, tué par son propre père le 1er avril 1984.

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