2021 M01 11
"Du grunge au rock FM." Ça pourrait être le sous-titre accompagnant le cinquième album de PJ Harvey, publié à cheval entre deux siècles, le 24 octobre 2000. Avant ça, presque 10 ans avant, l'Anglaise s'était fait remarquer avec un rock sec comme un coup de trique avec "Dry" (1992) et surtout "Rid of Me" ("Débarassez-vous de moi" en français), pile l'année du Zénith de Nirvana. Rapidement comparée à Patti Smith, Polly Jean escaladera lentement les années 1990 sans jamais se renier, gagnant au passage ses galons. C'est, pour résumer, la réponse d'une jeune femme torturée à la Britpop qui occupe beaucoup (et trop) d'espace dans son pays.
Puis vient "Stories from the City, Stories from the Sea". Pour les fans, c'est un choc. Composé à cheval entre New York et la côte anglaise (d'où le titre), l'album reflète la dualité de la musicienne et son envie de bruit et de silence, parfois en même temps. Musicalement ? C'est une bombe. De nombreux titres sont des tubes en puissance (Good Fortune, One line, This is love) et puis pour couronner le tout, PJ s'adjoint les services d'un autre Anglais au sommet de la hype : Thom Yorke de Radiohead. On le retrouve au chant ou aux chœurs sur trois titres, voire aux claviers. Sommet de cette collaboration : le morceau This mess we're in, plutôt indépassable dans le registre ballade qui donne la chair de poule.
Rapidement les chifffres viennent confirmer que le virage artistique n'a pas été pris pour rien : 1 million de ventes pour "Stories from the City..." dont 100 000 rien que pour la France. Vingt ans après, le score fait sûrement rêver pas mal de musiciens dits "indé" cantonnés à additionner le nombre de streams sur Spotify.
Presque pile 20 ans après ce succès commercial et critique, PJ a semble-t-elle décidé de faire du tri dans ses cartons. Lancée dans une grosse campagne de rééditions de son œuvre, avec notamment la ressortie de ses premiers albums, l'ex égérie de Nick Cave (qui a tout de même réussi à le plaquer par un simple coup de fil) annonce aujourd'hui la réédition de "Stories from the City..." en CD, vinyle et digital, avec la démo de chaque titre publié à l'époque. Frisson garanti, encore une fois, si l'on se fie au premier titre en écoute, à savoir This mess we're in joué de manière brute, fantomatique. À l'os, comme on dit. Un terme qui résume bien ce qui fait de Polly Jean une musicienne à part depuis 30 ans.
Quasi introuvable en vinyle depuis sa sortie en 2001 (hormis en versions semi-officielles), l'album devrait faire le bonheur des useurs de platine. Merci qui ? Merci Polly.