Grand Corps Malade : "ce qui rend un concert spécial, c'est le public"

Avant le concert de Grand Corps Malade, capté le 4 novembre 2022 au Zénith de Lille et retransmis sur CANAL+ le vendredi 21 avril, on a passé un coup de fil à Fabien pour qu'il nous parle des tournées et de ses meilleurs moments sur scène.
  • Fabien, quels sont les souvenirs que tu gardes de ce concert à Lille ?

    C'était un concert très festif. Si on a choisi Lille, c'est parce qu'on sait que le public du Nord est incroyable. On était déjà passé plus tôt dans la tournée dans le même Zénith, mais à l'époque le concert était assis à cause des craintes liées au Covid. Le retour au Zénith de Lille sans restriction, au-delà de la captation, j'en garde un beau souvenir, il y avait une belle ambiance. Nous on était aussi bien rodés car on avait entre 60 et 80 concerts dans les pattes.

    Quand on sort un nouvel album, ce sont les premiers concerts les plus excitants où ceux vers la fin, quand justement tu es mieux rodé ?

    La découverte de la réaction d'un public à un nouveau concert, avec une nouvelle setlist, etc., c'est excitant car tu ne sais pas trop comment le public va réagir. Lors des premières dates, tu as donc cette excitation, mais aussi plus de trac. Il y a donc moins de surprises et de découvertes quand tu arrives vers la fin d'une tournée mais en même temps, tu connais bien le show et donc tu prends énormément de plaisir. Et comme t'es plus à l’aise, tu peux aussi tenter de nouvelles choses.

    Quand j'ai démarré ma première tournée, en 2006, je me disais : « est-ce qu'au bout de 30 ou 60 concerts, je ne vais pas m'ennuyer ? ». Et dès la première tournée j'ai compris que non : il y a réellement une magie de la scène. C'est assez inexplicable : quand tu montes sur scène et que tu vois des milliers de personnes, c'est magique et t'as toujours un peu l'impression que c'est la première fois. Je ne suis jamais blasé, et j'ai jamais le sentiment de tomber dans une routine.

    Même si ça ne s'explique pas toujours, qu'est-ce qui fait qu'un concert est plus marquant qu'un autre ?

    C'est surtout l'ambiance du public. Ça peut arriver que nous, sur scène, on soit tous meilleurs que d'habitude. Mais ce qui fait la différence, c'est l'ambiance. D'un seul coup, tu es dans un gros festival en plein air, avec des gens qui sont à fond avec toi et qui ont envie de faire la fête. Les concerts mémorables, c'est souvent grâce au public. 

    Est-ce ton rapport à la tournée a évolué avec le temps ?

    J'ai le même rapport à la tournée depuis mes débuts. Je n'ai pas appris à gérer une tournée car ça s’est toujours bien passé. Je pense que c'est dû au fait que mes tournées sont très longues, mais pas très denses. Comme j'ai envie d'avoir une vie à peu près normale, d'être avec mes enfants et de les amener au foot le weekend, j'ai un format de tournée spécial. Je ne suis pas sur la route pendant trois mois, par exemple, sans rentrer à la maison : je fais des tournées qui durent un an et demi, mais je fais entre six et dix concerts par mois. Il y a des mois où je fais des pauses, où je pars en vacances avec ma famille, etc. J'aime bien ce format-là. Et c'est ce qui me protège d'être trop usé ou épuisé par la scène. 

    Ton top 3 de tes meilleurs concerts, ça serait quoi ?

    Je vais te dire : Forest National à Bruxelles sur la dernière tournée. On est y allé deux fois et les Belges savent nous recevoir, c'est toujours une grosse fête. Globalement, Lille ou Bruxelles, ce sont des salles chaudes. Les Francofolies de la Rochelle ça reste des souvenirs inoubliables, surtout sur la grande scène. Et j'ai eu la chance de jouer à Kinshasa en République du Congo et je me rappelle d'un concert de fou. Les Kinois connaissaient vraiment ma musique ainsi que mes paroles et ils chantaient en même temps que moi. Je ne m'y attendais pas et ça m'a vraiment touché. 

    Dernière question : est-ce que tu as une anecdote que tu racontes souvent quand on évoque les concerts ou les tournées ?

    Alors l'été dernier, on a joué au festival Paléo en Suisse. On part la veille du concert depuis Paris en tourbus et on arrive au petit matin sur place. Là, on se rend compte qu'un des camions qui transporte le matériel n'est pas arrivé. Vers 10 heures du matin, le régisseur l'appelle et le chauffeur était dans son lit... à Paris. Il s'était trompé de jour. Bref, le conducteur fonce chercher son camion et se met en route. Il arrive finalement en Suisse à 18 heures, en même temps que les 35 000 festivaliers. Donc ça veut dire qu'on n'a pas pu faire de balance. Toute la scène et l'aspect technique ont été faits durant le concert de Juliette Armanet qui jouait avant nous, derrière son écran.

    Finalement, on monte sur scène à l'heure et le début du concert est un peu compliqué parce que je n’entendais pas grand chose. Mais ça marque, parce que c'est l'une des plus belles dates de l'année et jusqu'au dernier moment, tu te demandes si tu ne va pas devoir l'annuler. On a foiré un peu le début et puis le reste du concert s'est bien passé, donc ça va. 

    Le concert de Grand Corps Malade sera diffusé le 21 avril sur CANAL+ à 21H et disponible aussi sur myCANAL

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