Voici les 5 histoires musicales les plus dingues liées au 11 septembre 2001

Au-delà du drame, le 11 septembre 2001 est aussi un évènement qui a impacté durablement le paysage musical. Censure, complotisme, morceaux accusateurs : voici le meilleur du pire.

Jay-Z : celui qui en profitait pour se faire mousser

Sorti le 11 septembre, au même titre que « Love And Theft » de Bob Dylan et « Glitter » de Mariah Carey (« Pouvait-il exister un pire jour pour une sortie ? », s’interrogea-t-elle), « The Blueprint » de Jay-Z est un véritable succès avec ses 400 000 exemplaires écoulés en première semaine - pas un mince exploit quand on sait que les ventes de disques ont baissé de 16% dans la semaine qui a suivi les attentats... Un an plus tard, sur Blueprint², le New-Yorkais fanfaronne même quant à cet étonnant succès : « La rumeur veut que même Ben Laden n’ait pu arrêter le classique The Blueprint / Et le 11 septembre marque donc à jamais l’ère du révolutionnaire Jay Guevara. »

Pour la modestie, on repassera. Même si on pouvait légitimement s’en douter, rappelons que, onze jours après l'effondrement des deux tours, Jay-Z se présentait sur scène, un drapeau américain brodé sur sa chemise, et se lancait dans un freestyle volontiers égocentrique : « Mon album s’est abattu le même jour que les tours jumelles / J’affiche mon pouvoir. »

Supertramp : ou l’art du complotisme

Dans son livre, Ground Zero, une histoire musicale du 11 septembre, le journaliste Jean-Marie Pottier, au sujet de la pochette « Breakfast In America » de Supertramp, dit que « le verre de jus d'orange que l'actrice Kate Murtagh brandit à la place de la torche de « Lady Liberty », pile dans l'axe des fausses Twin Towers, ressemble aux boules de feu qui ont traversé les tours ». Une théorie complotiste ? Sans doute, mais ce n'est pas la seule.

On dit aussi que si on inverse la pochette, le U et le P de Supertramp dessinent les chiffres 9/11, que la vue qu’a l’auditeur par le hublot serait la même que celle contemplée par les passagers du vol United 175, et que le titre de l'album est prophétique dans le sens où les attentats sont survenus à l’heure du petit-déjeuner. Bref, c'est complétement perché et on en parlait déjà longuement ici-même.

The Coup : ceux qui avaient tout prévu ?

Pour la conservatiste Michelle Malkin, « Party Music » de The Coup est « un exemple vomitif d’anti-américanisme déguisé en expression intellectuelle savante ». La raison d’une telle haine ? Cette pochette envoyée aux rédactions le 11 septembre afin de préparer leurs chroniques et sur laquelle on voit les deux rappeurs faire exploser les tours jumelles. Un geste prémonitoire ? Pas vraiment. À l’époque Boots Riley et Pam The Funkstress souhaitent simplement s’attaquer au capitalisme américain et ne perdent pas de temps, sous les exigences de leur label, à changer la pochette du disque pour sa sortie officielle.

The Strokes : quand l’art rencontre la censure

75 Ark, le label de The Coup, n'est pas le seul à vouloir éviter les remous médiatiques. Suite aux attentats, la major RCA/BMG, qui distribue les Strokes aux États-Unis, cède également à la censure et demande au crew de Julian Casablancas de retirer New York City Cops du tracklisting de son premier album, « Is This It ». En cause ? Ces paroles : « Les flics de New York, c’est pas des lumières. » Pas forcément de bon goût quand on sait que plus de soixante officiers de la Big Apple et du New Jersey ont perdu la vie le 11 septembre.

Qu’à cela ne tienne : le morceau, disponible sur la version européenne, finit par apparaître en face B d’un single (Hard To Explain, en l'occurence), tandis que les Strokes l’interprètent sur scène à peine un mois après les attentats.

Le 11 septembre comme symbole d’une inégalité de classe

Une fois les évènements survenus, les rappeurs n’ont pas tardé à se manifester. Il y a les titres d'Ab-Soul et Jadakiss (Why) qui remettent en cause l'origine des attentats, celui de Sage Francis (Makeshift Patriot) qui dénonce un patriotisme préfabriqué, et ceux de Mos Def (Dollar Day) et Talib Kweli (The Proud) qui rendent ouvertement le président de l'époque, George W. Bush, responsable de ce triste évènement. Mais il y a surtout KRS-One qui, lors d'une table ronde organisée par le New Yorker, se veut plutôt clair :

« Parce qu'il ne nous affecte pas, ou du moins nous ne percevons pas qu'il nous affecte, le 11 septembre est arrivé à eux... Il a affecté les gens là-bas, les riches, les puissants qui nous oppriment en tant que culture. Nous nous sommes réjouis quand le 11 septembre s'est produit à New York, et je le dis fièrement ici. Parce que quand nous descendons au Trade Center, nous nous faisons frapper par des flics, on nous disait qu'on ne pouvait pas entrer dans ce bâtiment... De la discrimination raciale. Donc, quand les avions ont heurté l'immeuble, nous étions genre : hmmmm, ce n'est que justice. » Il n'y a pas à dire, ils ont le sens de l'ambiance en Amérique.