2020 M07 6
« Sans lui, on ne s'en serait jamais sortis, et vice-versa. » Ces mots sont sortis de la bouche de John Lennon. Lui, c’est Brian Epstein. Le fils d’un commerçant de Liverpool. Avant de voir les Beatles sur scène en 1961 au Cavern Club, et de flairer le bon coup, Epstein n’a pas eu une vie trépidante. À 16 ans, il veut devenir designer et dessiner des robes, mais son père s’y oppose. Il passe ensuite dix mois à l’armée, mais finit par être renvoyé pour être allé faire la tournée des bars de Londres avec un (faux) uniforme d’officier. Pris en flagrant délit, il finit par dire à un psychologue de l’armée qu’il n’est pas au top de sa forme (ce dernier découvre aussi son homosexualité).
De retour à Liverpool, Brian travaille dans le business familial, prend des cours pour devenir acteur puis finit par abandonner. Il dirige ensuite un nouveau magasin de son père, NEMS, où il vend des instruments de musique et des vinyles. Et là, tout va changer.
Un jour, un jeune homme débarque au magasin et lui demande un disque des Beatles enregistré en Allemagne. Brian ne l’a pas et pire, il ne connaît pas le groupe. Le 9 novembre 1961, il entre dans le Cavern Club et voit les quatre garçons sur scène : les Beatles. Dès le mois de janvier 1962, il les manage et impose le costard et la coupe au bol. Il prend aussi 25% de tout ce qu’ils gagnent et devient rapidement millionnaire.
Mais si le nom de Brian Epstein est associé aux Beatles, le commerçant est vite devenu un homme d’affaires par l’intermédiaire de sa société NEMS Enterprises Limited. Il signe et manage d’autres groupes (Gerry and the Pacemakers, Billy J. Kramer, The Dakotas, etc.), aide les Bee Gees à se lancer (c’est son collaborateur Robert Stigwood qui va les manager) et fait jouer, dans un théâtre qu’il a racheté (le Saville Theatre à Londres) The Who, Cream ou Jimi Hendrix. Bref, il a été bien plus que le simple manager des Beatles. Il aura eu une influence énorme sur les sixties et la carrière de nombreux artistes issus de cette génération.
Vers 1966, Brian est cependant au bout du rouleau. Il prend des pilules pour dormir, stresse que les Beatles ne re-signent pas leur contrat avec lui et ses histoires de drogues (notamment le LSD) deviennent publiques. Un soir, à 32 ans, il s’endort en prenant trop de somnifères et décède dans la nuit. C’est donc l’histoire du cinquième Beatles, mais aussi celle du manager du groupe le plus connu au monde (avec tous les problèmes que cela implique) que le réalisateur suédois Jonas Åkerlund veut retracer dans Midas Man : The Brian Epstein Story. « Le film ressemble davantage à une tournée dans l'esprit de Brian, et à ce que c'était d'être lui, qu'à la façon dont une chose en a conduit une autre chronologiquement. Je veux le ramener à la vie », a déclaré le Suédois au site Variety.
On lui demandera sûrement de répondre aux rumeurs de son flirt avec John Lennon en 1963, quand les deux sont partis en vacances en Espagne. Mais il y a des questions qui, peut-être, sont vouées à rester sans réponse.