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Des destins tragiques, malheureusement, le rock en connaît. Beaucoup trop d’ailleurs. Et la vie de Keith Moon, batteur intraitable des Who et figure du rock pour ses frasques légendaires, regroupe absolument tous les ingrédients pour un film sulfureux, mais traité avec le recul nécessaire pour analyser à postériori les problèmes récurrents des rockstars de l’époque et les excès visiblement inhérents à ce choix de carrière (drogues, alcool, train de vie démesuré, etc.).
D’après des informations du site américain Variety, un film sur Keith Moon est en bon chemin. Le titre provisoire serait The Real Me, le nom d’une chanson issue de l’album « Quadrophenia » (1973), et le biopic serait supervisé par Roger Daltrey (77 ans) et Pete Townshend (76 ans) en tant que producteurs exécutifs. La réalisation sera entre les mains de Paul Whittington, connu pour son travail sur la série The Crown de Netflix.
The Who Movie About Keith Moon Is Finally Underway With Plans to Shoot This Summer (EXCLUSIVE) https://t.co/WhwQACCEUX
— Variety (@Variety) January 28, 2022
La sélection du casting aurait débuté depuis plusieurs mois (ce qui laisse penser qu’il est presque bouclé) et les premières scènes devraient se tourner dès le mois de juin en Grande-Bretagne. En 2018, Roger Daltrey avait déjà déclaré que la personne qui jouera Moon devra avoir un certain look. « Ça va être très, très dépendant de l'acteur et de ses yeux. Il faut faire le casting à partir des yeux, parce que Moon avait des yeux extraordinaires », avait alors confié le Who à la BBC.
Le batteur aux beaux yeux n’était cependant pas un petit agneau, et son rythme de vie lui a coûté la vie à l’âge de 32 ans, dont 14 passées avec les Who (de 1964 à 1978). « Keith a vécu toute sa vie comme un fantasme. C'était l'homme le plus drôle que j'aie jamais connu, mais aussi le plus triste. Je l'ai vu à son apogée, mais aussi à son plus bas niveau. Keith est quelqu'un que j'aime profondément, mais qui était un personnage profondément troublé ».
Si les biopics ont le vent en poupe, la retranscription des sixties et seventies à l’écran, en 2022, reste un exercice périlleux. Déjà parce que plus personne ne croit au rock ni à ses folies. Mais aussi parce que la société dans laquelle Keith Moon a vécu n’existe plus. L'Anglais était capable de prendre des tranquillisants pour chevaux avant un concert avec des groupies, de boire du cognac et gober des amphétamines au petit-déjeuner et de claquer tout son argent en vivant au-dessus de ses moyens. Il souffrait également de troubles mentaux (dépression, trouble de la personnalité borderline, penchant schizophrénique, etc.) aggravés par les substances, l’alcool et les médicaments.
Bref, Keith était connu pour être un grand farceur (son surnom était le « prankster »). Mais il avait aussi une face malheureusement sombre et un environnement autour de lui peu enclin à l’aider. Et ce biopic devra jongler entre ces deux aspects de sa personnalité pour lui rendre justice.