2022 M03 30
On le sait, on le dit, on le répète : il n'y a rien de juste dans la façon dont les sommes générées par les plateformes de streaming sont redistribuées aux artistes. Pour illustrer cette inégalité, on cite même régulièrement cet exemple : qu'importe que vous écoutiez en boucle le dernier album d'un groupe de rock underground originaire de Niort, l'argent récolté grâce à votre abonnement sera automatiquement reversé aux artistes en fonction de leur nombre de streams (du plus élevé au plus confidentiel, forcément).
En clair, tout se passe comme dans une mauvaise dystopie : tandis que les plus gros (les fameux 1%, ceux qui captent 90% des écoutes globales) se remplissent les poches, les autres tentent de survivre avec les miettes qu'on souhaite bien leur donner.
Ainsi, Spotify peut faire le beau en déclarant avoir versé 7 milliards de dollars l'année dernière aux détenteurs de droits (labels, artistes, distributeurs), soit deux milliards de plus qu'en 2020, un record à en croire les représentants, ce sont bien les autres chiffres extraits de leur rapport annuel (Loud and Clear) qui interrogent. On apprend par exemple que là où les trois majors de l'industrie (Sony, Universal, Warner) ont empoché la modique somme de 12,5 milliards de dollars (dont un tiers grâce à Spotify), seuls 52 600 artistes ont gagné plus de 10 000 dollars en 2021. Soit 9000 euros.
Quand on sait que la plateforme compte plus de 8 millions d'artistes, et que seulement 1000 d'entre eux ont généré 1 milliard de dollars, on se dit que les artistes indépendants, ou qui s'autodistribuent (soit 28% des fameux 52 600), sont dans la même situation qu'un unijambiste au jeu de la marelle : clairement désavantagés.